C’est la surprise du chef de cette fin de saison et de la prochaine rentrée: Cécile de France, actrice emblématique qu’on verra bientôt dans le troisième volet de la trilogie Auberge Espagnole, Le Casse-Tête chinois, va abandonner pendant quelques semaines les plateaux de cinéma pour fouler les planches.
Cécile au théâtre ? Est-ce vraiment ahurissant ? Ses fans et ils sont nombreux savent qu’elle y a déjà effectué une dizaine de détours pour interpréter des œuvres comme Le Songe d’une nuit d’Eté, Mademoiselle Julie ou, plus récemment, Le Temps des Cerises écrit par Niels Arestrup qui lui a proposé un tandem inédit avec Eddy Mitchell. Oui, mais ici, c’est très spécial. Car Anna est une comédie musicale et, oui, Cécile, qui y joue le rôle-titre, chante.
Toutes les photos par Loll Willems
Ce mardi 2 juillet, Cécile terminera la première salve de représentations d’Anna, à Lyon, dans le cadre des Nuits de Fourvière. Il s’agissait de la Première mondiale de cette comédie musicale pop, créée par Emmanuel Daumas, offerte aux spectateurs dans un cadre somptueux : l’Odéon dans les ruines antiques. Le choix de Lyon n’est pas totalement innocent puisque (on le sait peu) la comédienne belge a effectué ses études artistiques à l’ENSATT de Lyon, École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre. Elle y est entrée en 1995 précisément l’année où l’établissement autrefois situé à Paris et connu sous le nom d’École de la Rue Blanche déménagea au bord du Rhône. En suivant ce cursus exigeant, la petite Namurosie marchait les traces de formidables acteurs comme Emmanuelle Riva, Jean Rochefort, Isabelle Hupert ou Jean-Pierre Marielle. Sacré pedigree.
Dans Anna, Cécile de France explore la schizophrénie d’une jeune femme, créatrice en agence, vivant dans un monde idéal d’apparences et de papier glacé, sans réelle incarnation, noyée dans ses rêves, ses dessins et ses photos. Et si elle en sortait pour exister vraiment? L’amour, le vrai, grand et pur, pourrait-il l’emmener ailleurs? Spectacle total, Anna marie la performance théâtrale, la musique, le chant, mais aussi l’art plastique, les projections vidéo et l’art graphique qui s’échinent à brouiller la frontière ténue entre réalité et illusion.
Réinventé pour la scène, Anna est en fait adapté, ou plutôt inspiré, d’un téléfilm éponyme que Pierre Koralnik tourna en 1967. Le rôle-titre était alors interprété par Anna Karina. Grégoire Monsaingeon, le partenaire de Cécile reprend, lui, le premier rôle masculin, qui fut tenu sur le petit écran par Jean-Claude Brialy. Le téléfilm dont vous pouvez voir un extrait ci-dessous grâce à nos confrères de Culture Box était déjà pour l’essentiel une œuvre musicale, très « Nouvelle Vague », déstructurée sur le fond, très pub dans sa forme. Autres atouts de cette sucrerie emblématique de la culture pop sixties? Ses dialogues étaient ciselés par Jean-Loup Dabadie, sa bande originale était signée Serge Gainsbourg. C’est donc à partir de la trame narrative et des chansons du mythique provocateur que le spectacle a été construit.
Retrouver Cécile de France chanteuse est une surprise. Pour elle qui ne se reconnaît aucune disposition particulière pour la prouesse vocale, c’est un défi. Ce qui l’a persuadée? Le choc qu’elle a ressenti en voyant le téléfilm. Les premiers échos reçus de Lyon
» À la fin, enthousiaste, le public jette sur la scène les coussins des gradins! Signe de triomphe à Fourvière. », signale Le Figaro
« Cécile de France disait dans la semaine qu’elle ne se trouvait aucun talent pour la chanson, elle se trompait. Tout comme son jeu, mâtiné de fraîcheur et de la candeur nécessaire au rôle, ses interprétations sont non seulement justes, mais en plus empreintes de sincérité, si bien qu’on la voit chanter la célèbre Sous le soleil exactement comme le faisait Karina, mais aussi se rouler par terre et hurler quand ronronnent les guitares. » Surenchérit Lyon mag.
Gainsbourg qui a adoré faire chanter les plus belles femmes, surtout si elles étaient actrices aurait sans doute raffolé de cette affriolante rencontre posthume.
Anna :