Aux États-Unis, on ne plaisante pas avec les plannings. Alors que le tournage des épisodes 2 à 10 a débuté en mars, le premier épisode de Tyrant a déjà été diffusé cette semaine sur la chaîne câblée FX qui appartient au groupe Fox et à qui on doit des séries mythiques comme Damages ou The Shield.
A priori, rien ne prédestine Cinevox à évoquer cette série, mais voilà : pour la première fois depuis Patrick Bauchau dans le Caméléon, un acteur belge interprète un des rôles en vue de la série : le talentueux Mehdi Dehbi que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises et sur lequel nous avions parié depuis longtemps démontre que son potentiel international est énorme.
Pour lui, sky is the limit.
Jusqu’à présent, ce jeune acteur liégeois n’a tourné qu’un seul long métrage en Belgique: Le Sac de Farine de Kadija Leclere pour lequel il a été nommé aux Magritte 2014. Mais c’est à l’étranger que cet impressionnant polyglotte trace son sillon: en France, en Allemagne, en Angleterre, en Italie. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à cliquer sur ces deux liens : ICI et ICI.
Premier dialogue lors du mariage
Avec Tyrant, sa carrière prend une tout autre tournure… même si on sait pertinemment que Mehdi continuera à jouer sur plusieurs tableaux.
La série a été mise en chantier par Gideon Raff, créateur de Homeland et avant cela de la série israélienne Hatufim dont Homeland est largement inspirée. L’autre auteur est Craig Wright, un des initiateurs de la série Six Feet Under. La première saison comptera 10 épisodes. Comme d’habitude, si le public suit, d’autres saisons seront commandées.
« Au début, j’ignorais à peu près tout de la série. », nous confiait récemment Mehdi. « Pas question que la bible circule, bien sûr. Une fois que j’ai tourné le pilote, j’en ai appris un peu plus : la série se déroule au Moyen-Orient, on ne précise pas où exactement. Le pays est dirigé par un leader un peu dictateur, mais pas trop: il n’opprime pas son peuple, l’économie est assez florissante.
La liberté d’expression n’est pas le principal atout du régime, mais on a quand même vu pire. Cet homme a deux fils. Le premier vit au pays : Jamal est virulent, volontiers violent, il aime les femmes, le sexe, la drogue, les voitures rapides, normal quoi… (Mehdi rit). L’autre (Barry) a décidé de partir aux États-Unis où il a épousé une Américaine. Il est médecin, il a des enfants, une vie bien rangée, très américaine et surtout il ne veut plus entendre parler de son pays natal et de ce qui s’y passe. Il va néanmoins être amené à revenir pour assister au mariage du fils de son frère, une cérémonie fastueuse, une véritable fête nationale. Pour le fils américain, c’est un retour aux sources, pour sa femme et ses enfants, une découverte.
Le retour au pays, les retrouvailles avec le père, c’est l’objet du pilote. Il ne compte pas rester très longtemps, mais évidemment rien ne va se passer comme prévu : à l’issue du mariage, le père meurt. Sur son lit d’hôpital, alors qu’il sait que c’est fini pour lui il proclame officiellement que c’est son fils « américain » qui devra lui succéder et gouverner le pays. Mais celui-ci n’a aucune intention de changer sa vie et il tente de fuir pour retourner en Amérique.
Alors que son avion s’apprête à décoller, il est stoppé et fermement invité à assumer à ses responsabilités. C’est là que s’achève le pilote. Et je ne sais pas du tout comment la série évoluera, mais on peut facilement imaginer que l’autre fils apprécie modérément la décision paternelle. »
Adam Rayner (Barry) à l’arrière plan et Ashraf Barhom (Jamal)
Le résumé de ce pilote proposé est parfait. Rien à ajouter. Tout au plus, après avoir visionné cet épisode inaugural, peut-on dire que les personnages sont très tranchés : le frère resté au pays est une vraie crapule immonde et effrayante tandis que le pédiatre américain est un homme réfléchi et doux. On découvrira néanmoins en toute fin d’épisode que la situation est un poil plus complexe qu’elle ne paraît.
La mise en scène signée par David Yates, réalisateur des quatre derniers Harry Potter et de la formidable série anglaise State of Play, est incroyablement luxueuse. Plans larges, décors de rêves, mouvements de caméra compliqués, tout est soigné et brillant. On voit que les producteurs ont mis à la disposition de l’équipe les moyens nécessaires pour impressionner les spectateurs… et les décideurs de la chaîne. Mission accomplie : on est bluffé !
« Le pilote a été filmé en septembre au Maroc. Comme d’habitude, ce premier épisode est l’occasion d’introduire tous les personnages : je suis là, j’ai un texte et je participe à quelques scènes, mais rien de fracassant. »
Le tournage des neuf autre épisodes de la saison 1 a débuté en mars.
Dans la série, Mehdi interprète le fils du chef de la sécurité du palais, un jeune qui traîne dans les couloirs. Sammy, le fils du frère américain va tomber amoureux de lui. C’est dans le pilote que naît cette relation.
Mehdi y apparaît dans deux scènes : on le découvre dans un sauna où les deux jeunes gens se croisent puis au mariage où ils font enfin connaissance. Dans la seule scène dialoguée, il s’exprime en anglais avec un fort accent arabe qui se justifie par le fait que le jeune homme est reclus dans un palais du Moyen Orient. Dans la vraie vie, Mehdi, le polyglotte, maîtrise parfaitement la langue de Shakespeare (qu’il adore jouer sur les planches en V.O.)
Mehdi Dehbi à droite avec Noah Silver
Malgré cette discrétion initiale, Mehdi sera une figure récurrente de la série. Son nom figure est bien mis en valeur au début du générique d’ouverture, preuve que son rôle va s’épaissir au fil des épisodes.
« Bien sûr, il s’agit d’une production américaine avec un point de vue américain sur certaines choses, mais le talent de ces deux personnalités fait qu’on a très envie de travailler sur un projet pareil. De manière générale, je trouve que les thèmes sont intéressants, l’approche n’est pas frileuse et il y a un même vrai engagement.
Mehdi, sur la droite, retourné vers Noah Silver
Dans un projet comme celui-là, on observe ce qui se passe et on suit le mouvement: on est qu’une petite pièce d’un énorme puzzle. J’ai adoré travailler avec Gideon Raff et David Yates qui sont des professionnels très impressionnants.
Le reste de l’infrastructure est plus américaine, c’est moins ma tasse de thé, mais c’est une expérience passionnante: ça me force à m’assouplir sur certaines choses, à accepter que le monde n’est pas tel que j’ai envie qu’il soit, qu’il est complexe et multiple. »
Une expérience unique quoi qu’il en soit, que de très nombreux comédiens doivent lui envier. Et, pour le téléspectateur, un série qui démarre très bien et ouvre de très nombreuses pistes pour un développement passionnant. A suivre. Vite.