« D’un château l’autre » d’Emmanuel Marre Pardino d’or au Festival de Locarno

"D'un château l'autre"

D’un château l’autre, nouveau court métrage de Emmanuel Marre qui était présenté en compétition internationale au Festival de Locarno a remporté le Pardino d’Or du meilleur court métrage ainsi qu’une nomination pour les European Film Awards qui se tiendront à la fin de l’année. Présenté en première mondiale, D’un château l’autre, concourait parmi vingt-neuf films issus du monde entier.

Printemps 2017, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française. Pierre, 25 ans, étudiant boursier dans une grand école parisienne loge chez Francine, 75 ans, clouée par le handicap dans un fauteuil roulant. Ils assistent, perplexes et désorientés, à la kermesse électorale qui se joue au dehors. Ils sont de bords politiques et de conditions sociales opposées, mais ils se livrent l’un à l’autre. En attendant le verdict des urnes, Pierre essaie de s’occuper du corps de Francine, et Francine essaie de soigner le ressentiment sourd de Pierre.

De ce compagnonnage inattendu ressort une force vitale intense, nourrie de la sagesse de Francine, et de la sincérité de Pierre. Ce dernier cherche sa place, empêtré par un complexe d’infériorité sociale aggravé par son choix d’études, et par les atermoiements politiques vécus par le pays. Si tout va surement changer, comme l’assure Francine, le temps est à l’attente. Tourné sur le vif, au smartphone, l’image grainée et les bruits de fond de D’un château l’autre forment un cocon autour de la relation qui unit Pierre et Francine, tour à tour complice ou bouleversante. Et la présence des deux comédiens irradie le récit. Pierre Nisse, souvent vu dans des seconds rôles plutôt déjantés, trouve ici un espace de liberté bienvenu où dévoiler l’étendu de son talent. Quand à Francine Atoch, elle est terrassante de sagesse et d’authenticité, éclairant de son point de vue précieux les interrogations de Pierre. Alors que celui-ci, interpelé par le conformisme de ses pairs, confie son désir de les provoquer pour se sentir vivre, celle-ci lui répond: « Mais vouloir provoquer, être contre les autres, c’est encore dépendre des autres. »

D’un château l’autre est produit par Michigan Films et Kidam.

 Emmanuel Marre, aime la forêt, le bûcheronnage, la boxe, la poésie et l’architecture. Il a été aussi standardiste dans un office d’HLM, serveur et modèle vivant dans une Académie. Après avoir fui Paris et des études littéraires, il a fait l’IAD en Belgique. Il partage désormais son temps entre documentaire ( Chaumière – 2013) et fiction (La vie qui va avec – 2008, Le petit chevalier – 2010, Le désarroi du flic socialiste Quechua – 2014, Le film de l’été – 2016).

Sorti en salle début 2018, et présenté en avant-première à Berlin, Le Film de l’été, Prix Jean Vigo du court métrage, avait remporté de nombreux prix en Festival, notamment le Grand Prix à Clermont-Ferrand, ou encore le Prix du Meilleur Film et de la Meilleure Photographie au Festival International du Film de Namur en octobre dernier.

Pour rappel, c’est déjà un film belge, L’immense retour (romance) de Manon Coubia, qui avait remporté cette distinction il y a deux ans sur la Piazza Grande.

Gageons que ce premier prix pour cette première sélection de D’un château l’autre augure à nouveau d’un beau parcours pour ce nouveau film d’Emmanuel Marre.

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