On le pressentait depuis l’annonce du projet et rien n’est venir démentir cette intuition depuis lors : oui Jean-Pierre et Luc Dardenne seront à nouveau sur la Croisette cette année avec leur nouveau long métrage : Deux Jours, une nuit. Comment le Festival pourrait-il se passer de deux de ses plus fidèles festivaliers, cinq fois présents… et toujours récompensés depuis 1999 ?
Pour rappel, ces 15 dernières années, les frères ont proposé 5 films : en 99, premier coup de génie. Rosetta remporte la Palme d’or, mais aussi un prix d’interprétation pour Émilie Dequenne. En 2002, Le Fils vaut à Olivier Gourmet un nouveau prix d’interprétation. À l’époque, certains ont souri, ricanant que c’est la nuque d’Olivier qui lui avait rapporté ce prix.
Quand on voit combien ces plans nerveux ont été dupliqués depuis lors, à travers le monde (ne citons que The Wrestler de Darren Aronovski), on ne peut que penser qu’un prix de la scène pouvait aussi s’imposer.
2005, coup de tonnerre: les frères décrochent une nouvelle Palme d’or avec L’Enfant, porté par Jérémie Renier et Déborah François. En 2008, Le Silence de Lorna reçoit le prix du scénario tandis qu’en 2011, Le Gamin au Vélo arrache le Grand Prix (2e prix du festival).
[Photo Christine Plenus]
Épaulés cette fois par Marion Cotillard, reine de France et fiancée d’Hollywood, les frères visent naturellement une troisième récompense suprême qui serait une première dans l’histoire du Festival.
Marion joue Sandra qui, aidée par son mari (Fabrizio Rongione), n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail. Un sprint conçu sous la forme d’un véritable thriller, totalement ancré (hélas) dans l’air du temps. Un western aussi, dixit Thierry Frémaux, qui évoque… le Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann.
Quoi qu’il en soit, le pitch, le casting et le projet devraient facilement battre les scores du Garçon au Vélo, plus gros succès belge de ces dernières années avec plus de 1.5 million de spectateurs à travers le monde. Mais oui…
Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.
Naturellement, la compétition cannoise sera tout sauf un long fleuve tranquille avec, cette année, plus encore que d’habitude sans doute une concentration hallucinante de talents. Parmi les 18 films sélectionnés, les nouveaux longs du Canadien Atom Egoyan et de Jean-Luc Godard.
Olivier Assayas, Michel Hazanavicius (The Search, un film de guerre qui se déroule en Tchéchénie) ou Bertrand Bonello représenteront la France. Avec notre Jérémie Renier aux côtés de St Laurent.
David Cronenberg alignera son Maps to the stars, critique acide de l’état cinéma hollywoodien, un brûlot emmené par Robert Pattinson déjà vu dans Cosmopolis tandis que Palme d’or en 2006, Ken Loach (coproduit par les frères), proposera Jimmy’s Hall et Mike Leigh (Palme d’or 96), Mister Turner.
Tommy Lee Jones (The Homesman) donnera à cette édition sa couleur vintage made in USA.
Du côté des ténors asiatiques, on note Naomi Kawase (Zhang Yimou sera programmé hors compétition) tandis que le Turc Nuri Bilge Ceylan, plusieurs fois récompensé, mais jamais sacré reste un concurrent sérieux malgré les 3h16 annoncées de son nouveau (très) long film. Un peu comme La Vie d’Adèle, quoi…
Pour notre plus grand plaisir, le très sympathique Sam Louwyck sera aussi à voir, en tête d’affiche, aux côtés de Monica Bellucci dans Le meraviglie, seul film italien de la compétition, réalisé par Alice Rohrwachers
Rappelons que l’ouverture sera le film d’Olivier Dahan, Grace, coproduit en Belgique. Il sera projeté dans la version voulue par le metteur en scène.
L’annonce faite ce matin comprenait 49 longs métrages pour 28 pays, dont 5 premiers films et… 15 films de réalisatrices. Elle concernait non seulement la compétition officielle, mais aussi les films projetés hors compétition et en séances spéciales. Plus, les premiers films de la section Un certain regard, créé en 1978 et généralement considéré comme la rampe de lancement vers la compétition pour des réalisateurs assez pointus.
On y verra des films d’Asia Argento, Mathieu Amalric (La Chambre Bleue d’après Simenon), mais aussi le premier long métrage en tant que réalisateur de l’acteur canadien Ryan Gosling (Drive). A marquer d’une pierre blanche puisque la photo de How to Catch a Monster est signée par notre compatriote Benoit Debie (Calvaire, Vynian, Spring Breakers). Cocorico.
La semaine prochaine, seront annoncées les sélections cannoises pour les autres sections comme La Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique ou encore la section ACID.
Les 17 films en compétition sont:
- Olivier Assayas, « Sils Maria »
- Bertrand Bonello, « Saint-Laurent »
- Nuri Bilge Ceylan, « Sommeil d’hiver »
- David Cronenberg, « Maps to the Stars »
- Jean-Pierre et Luc Dardenne, « Deux jours, une nuit »
- Xavier Dolan, « Mommy »
- Atom Egoyan, « Captive »
- Jean-Luc Godard, « Adieu au langage »
- Michel Hazanavicius, « The Search »
- Tommy Lee Jones, « The homesman »
- Naomi Kawase, « Deux fenêtres »
- Mike Leigh, « Mister Turner »
- Ken Loach, « Jimmy’s Hall »
- Damian Szifron, « Relatos Salvajes »
- Andrei Zvyagintsev , »Leviathan »