Un soir de juillet, Jean-Jacques Rousseau, cinéaste belge, atypique s’il en est, était entré dans la rubrique faits divers d’une manière aussi involontaire que tragique.
Alors qu’il prenait un verre à la terrasse d’un café à Courcelles, sa commune de toujours, un jeune automobiliste dingue avait volontairement foncé sur les convives.
Trois personnes avaient été gravement blessées. Dans l’urgence, le réalisateur avait été admis à l’hôpital.
Depuis quatre mois, il s’était accroché à la vie.
Cette semaine, il a finalement perdu son combat.
Depuis 50 ans, sans jamais baisser les bras, mû par une incroyable volonté de filmer, filmer, filmer, Jean-Jacques Rousseau tournait des courts et des longs métrages très bis avec quelques euros. Il alternait les genres et les histoires les plus improbables et réquisitionnait ses potes pour les interpréter. Il a ainsi enfanté une filmographie parmi les plus dingues et hystériques qu’on puisse imaginer.
C’est sans doute à ce jour le réalisateur belge qui a réalisé le plus grand nombre de films. Résolument en marge, Jean-Jacques Rousseau était considéré comme l’artiste de l’absurde, voire de l’impossible.
Au tout récent BIFFF bruxellois, les spectateurs avaient encore pu découvrir La tétralogie du Docteur Loiseau, version salace du Docteur Mabuse. Un hommage qui l’avait comblé.
Jusque-là connu des seuls cinéphiles branchés sur l’alternatif le plus hystérique, cette personnalité très anar était devenue assez célèbre du jour au lendemain en 2004 grâce au documentaire Cinéastes à tout prix, réalisé par Frédéric Sojcher.
Le film diffusé à la télé était consacré à son travail, mais également à celui de Max Naveaux et Jacques Hardy. Témoignage unique de la passion qui anime certains artistes, il est devenu un classique du genre.
Ceux qui s’étonnent de la photo qui ouvre cet article doivent savoir que lors de ses sorties publiques dans les milieux cinéphiles, Jean-Jacques Rousseau était constamment affublé d’une cagoule noire qui lui donnait un look de braqueur ou de terroriste de l’ETA. Impossible donc pour monsieur tout le monde de l’identifier dans la vie de tous les jours.
Ou l’art d’être à la fois tonitruant et discret.
Nos plus sincères condoléances vont à sa famille et à ses amis.
A voir : une formidable interview d’EKTV réalisée au BIFFF en 2012 : ICI