Le Boost Camp, saison 2: le bilan

Vendredi dernier s’est achevée la deuxième édition du Boost Camp, véritable accélérateur de développement pour des projets de longs métrages portés par des réalisatrices belges. 

Le Boost Camp se déploie en trois temps: deux première semaines dédiées à l’écriture, faites d’entretiens individuels et de séances collectives, et une troisième semaine visant à permettre aux réalisatrices de connaître et rencontrer le marché. Un moment souvent impressionnant, parfois mal vécu, tant les exigences de la commercialisation (et donc de la viabilité économique) d’une oeuvre semblent éloignées des priorités des créateurs.

L’année dernière déjà, les quatre réalisatrices sélectionnées(voir le compte-rendu de notre rencontre)  témoignaient déjà d’une situation complexe et pas tout le temps lisible. Les obstacles rencontrés ne sont pas toujours évidents, et relèvent souvent d’une difficulté à renforcer ou conserver son réseau, et à rencontrer le marché. Sans compter que si sur le papier, les femmes peuvent tout faire, en réalité, on ne les attends pas sur certaines sujets. D’autant que les femmes elles-mêmes sont parfois leurs propres censeurs.

Cette année, les quatre scénaristes et réalisatrices belges sélectionnées étaient Géraldine Doignon pour Lenny n’a pas d’âge, Sarah Hirtt pour Les Cyclopes, Véronique Jadin pour Little Big Suzy et Delphine Noels pour Das Krieg! A l’issue de leur ultime semaine de travail à Bruxelles, elles ont pu rencontrer les partenaires du Boost Camp, acteurs incontournables du marché en Belgique, qui ont pu les accompagner dans leurs réflexions, et ont attribué des prix.

  • Le Prix Proximus a été attribué à Géraldine Doignon pour son projet Lenny n’a pas l’âge
  • Le Prix Casa Kafka Pictures a été attribué à Delphine Noëls pour son projet Das Krieg !
  • La SACD a offert aux quatre réalisatrices belges des bourses « Avis sur scénario »

A la fin de la session, les réalisatrices ont également pu discuter avec la productrice Diana Elbaum, à l’origine du projet, et la comédienne, scénariste et réalisatrice belge Nawell Madani, venue partager avec elles son expérience follement enrichissante mais terriblement mouvementée sur son premier film, C’est tout pour moi.

2mn avec Nawell Madani

5mn avec Diana Elbaum, initiatrice et directrice du Boost Camp

L’idée, c’était de booster les femmes qui font des films. Et pas forcément des films de femmes comme le dit notre tagline!

Je crois qu’on doit en tant qu’auteur avoir une connaissance du marché. On ne peut pas tout le temps s’en remettre au producteur, trouver ça ennuyeux, vouloir éviter la représentation. C’est loin des priorités d’un artiste, j’en conviens, mais quand on fait du cinéma, il faut aussi être acteur de la production de son film, s’y impliquer. Et pour ça, il faut connaître le marché. Avec le Boost Camp, on essaie donc de donner aux réalisatrices des outils d’analyse, pour qu’elles puissent traduire ce que le marché leur dit. Ca a son importance dès l’écriture. Qu’elle choisisse ou pas de suivre le marché, il faut qu’elle le fasse en étant informées.

Le Boost Camp, c’est une façon de dire aux filles « Allez-y, plus fort, plus grand, plus vite ». Avec tout ce que ça comprend de problématiques liées à la vie privée, au manque d’argent, la peur de pas y arriver. Il ne faut pas devenir comme un homme pour faire un film, mais il faut connaître les outils. Il faut casser les clichés à tous les niveaux, et sans devoir se justifier. On n’a jamais vu des hommes se justifier parce qu’ils avaient des personnages de femmes!

L’autre chantier, ce sont vraiment les écoles, qui ne préparent absolument pas les jeunes cinéastes à ce qui les attend dehors. C’est catastrophique.

Depuis l’affaire Weinstein, les gens parlent un tout petit peu différemment, mais je crois que le backlash va arriver, s’il n’est pas encore là. Il y a un réveil institutionnel, dans la parité des commissions, ce genre de choses, mais avant qu’on arrive à l’idéal, c’est-à-dire que ce ne soit plus un sujet, on va devoir répondre à cette question: où sont les filles? En cinéma, en séries?

Les 4 projets sélectionnés

  • Das Krieg! de Delphine Noels

A Berlin, suite à l’accession d’Hitler au pouvoir, trois amis d’enfance sont confrontés au nazisme. Ils n’ont pas l’étoffe de héros et encore moins de martyres. Mais ce que l’état exige d’eux, ils le refusent. Ils vont devoir surmonter leur sentiment d’impuissance pour se lancer dans l’aventure incertaine qu’est la résistance. Dans cette aventure, grandeur et trahison se côtoient..

  • Lenny n’a pas d’âge de Géraldine Doignon

C’est l’histoire de Lenny, 15 ans, qui vit seul, sans parents. C’est l’histoire d’une rencontre entre un élève brillant en biologie, passionné par les expériences sur son propre corps, et Marina, 40 ans, sa professeure, en crise existentielle et familiale. C’est l’histoire d’une amitié particulière entre un jeune et une adulte qui vont combler ensemble le manque d’amour dans leurs vies.

  • Les Cyclopes de Sarah Hirtt

Agathe, 27 ans, issue d’une famille bourgeoise et normative, part de Sofia vers Paris, avec son bébé intersexué, afin de le faire opérer en fille. Sur sa route, elle prend en stop Niels, un jeune homme non binaire qui va lui en faire voir de toutes les couleurs et transformer sa vision du monde.

  • Little Big Suzy de Véronique Jadin

Demain, c’est l’enterrement de la maman de Suzy, 10 ans, qui ne veut pas y assister. Elle en a assez des drames, maintenant elle veut s’amuser. Et qu’on s’occupe d’elle. Alors la gamine part dans Bruxelles. Un flingue, une pute, un chat, voilà sa journée, dans le désordre.

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