Prix Cinevox au FIFF : huit films, un seul prix

Jeudi 3 septembre au bistro Cinevox situé dans le chapiteau du FIFF, places des armes, le jury Cinevox (présentation demain) remettra officiellement le 2e prix Cinevox de l’histoire de la manifestation au meilleur long métrage belge proposé durant la semaine, toutes sections confondues (explications ici).

 

Cette année, huit longs métrages peuvent prétendre à cette récompense. Tous mis bout à bout, ils offrent une représentation de la richesse et de la diversité du cinéma belge: de tout petits films tournés à l’arrache ou peu s’en faut, des productions plus opulentes, une comédie, des drames, des comédies dramatiques, un film d’horreur psychologique (mais oui). On y parle de rock, mais aussi d’amour, de tendresse, d’amitié.

 

On y découvrira de jeunes pousses, mais aussi des valeurs confirmées comme Jonathan Zaccaï ou Olivier Gourmet ainsi que quelques pointures françaises, car jouer dans un film belge est toujours pour elles une récréation fort appréciée, la certitude de pouvoir s’exprimer dans un cadre sympathique et de se livrer sans trop de contraintes.

 

 

 

Au rayon des grosses machines, Les Âmes de papier de Vincent Lannoo s’impose évidemment. Cette comédie dramatique qui sortira aux alentours de Noël fera la clôture du festival vendredi 4 octobre. On y retrouvera un des plus grands acteurs français, Pierre Richard, mais aussi Stéphane Guillion, ravi se lâcher dans un rôle principal. Plus Jonathan Zaccaï et Julie Gayet. Personne n’a encore vu sur grand écran, complètement achevée, cette histoire de revenant rendu à la vie par la grâce d’un auteur d’éloges funèbres trop talentueux. L’an dernier, Vincent Lannoo était déjà en course avec Au Nom du Fils qui a connu depuis une somptueuse carrière, décrochant notamment, le Méliès d’argent à Neufchâtel dans un des festivals majeurs du circuit fantastique (thriller/SF). Une grande première pour la Belgique

 

 

Autre figure de proue de notre cinéma, Yolande Moreau viendra défendre Henri à Namur. En mai dernier, son premier film en tant que réalisatrice solo a été proposé au Festival de Cannes. Salué à la fois par la critique et par le public, cette histoire d’amour (forcément) atypique nous arrive enfin. Elle y met en scène l’artiste italien Pipo Delbono, mais aussi des acteurs, parfois amateurs, qui ont la particularité de présenter des déficiences mentales plus ou moins lourdes. Un défi, mais qui a enchanté Yolande Moreau, sans aucun doute une des plus attachantes de nos artistes. La récente présidente d’honneur des Magritte du cinéma partira ensuite à Montréal où son fort, fort demandé, participera au Festival du Nouveau Cinéma.

 

 

Habituée des festivals à travers le monde, Marion Hänsel l’est également et sans doute plus que tous les autres réalisateurs belges. De Dust à Noir Océan en passant par Les Noces Barbares et Si le vent soulève les sables, elle a connu tous les honneurs et a même fédéré des centaines de milliers de spectateurs en salles, notamment avec Noces barbares. Avec La Tendresse, elle nous revient apaisée avec un merveilleux duo d’acteurs: Maryline Canto et Olivier Gourmet incarnent un couple divorcé de longue date qui se retrouve pour un voyage forcé en commun. Et découvre les charmes de La Tendresse.

 

 

Beaucoup plus noir et inquiétant, Post Partum de Delphine Noels tentera de rallier à sa cause les amateurs de frissons et de suspense. Dans ce drame sombre qui flirte avec le fantastique, Mélanie Doutey explose son image de belle-fille idéale. Malgré elle. Vétérinaire très amoureuse de son mari, elle est sur le point d’accoucher. Mais elle va découvrir qu’on ne devient pas forcément mère aussi facilement que toutes les bonnes âmes voudraient nous le faire croire. Incapable d’aimer son enfant, elle tentera par tous les moyens de s’y attacher, mais chaque effort mettra en danger sa raison : la plongée vers le néant risque d’être infernale.

 

 

Comme Post Partum, Puppylove est le premier film d’une jeune réalisatrice, en l’occurrence Delphine Lehericey qui a déjà signé des documentaires et même un moyen métrage, Comme à Ostende. Ici, elle s’intéresse à Diane une adolescente énigmatique et solitaire qui s’occupe de l’éducation de son petit frère et entretient avec son père une relation fusionnelle. Mais l’apparition dans le quartier de Julia, jeune Anglaise charismatique très affranchie va chambouler sa vision du monde. Et naturellement sa vie au quotidien. Puppylove vient tout juste d’être sélectionné au festival de San Sebastian. Mais pour la Belgique, ce sera une première.

 

 

L’adolescence rebelle est aussi au cœur de Puppy Love où Bici, jeune femme ronde de 17 ans trouve le sens de sa vie en chantant avec Gravity Kids. Râleuse, gouailleuse, jamais à court de vannes, elle est secrètement amoureuse de Vince, son meilleur ami et guitariste. Un soir de concert, ils couchent ensemble, « une erreur » selon Vince. Bici, trop fière, se tait. Mais quand débarque dans la vie de Vince l’adorable et insupportable Anita, Bici tente de déloger l’intruse avec ses armes habituelles, humour noir et coups bas. Quitte à tout foutre en l’air et à dynamiter son groupe, pourtant proche du succès. L’amour et le désir de revanche auront-ils raison de sa passion? L’attraction de ce film, outre la présence à la réalisation de Stefan Liberski qui a repris le projet en cours de route est la prestation de la jeune et très prometteuse Ambre Grouwels qui, pour sa première incursion devant une caméra, hérite du premier rôle. Ambre fait partie des espoirs de notre cinéma épinglés dans notre série nouvelle vague (voir ICI).

 

 

La très bonne surprise que nous réserve le FIFF est d’avoir déniché deux œuvres belges moins médiatisées jusqu’ici, mais diablement alléchantes. Tokyo Anyway est le premier long de Camille Meynard né en 1985 à Paris. C’est son père, photographe qui l’initie au goût de l’image tandis que des années de théâtre lui font découvrir la mise en scène. Il s’installe à Bruxelles et sort de l’INSAS, section réalisation, en 2009. Son film de fin d’études Mimesis fait sa première en compétition nationale… au FIFF. Il est ensuite sélectionné dans plus de trente festivals, récoltant de nombreux prix. Après avoir participé en tant que régisseur et assistant-metteur en scène à des projets scéniques au Théâtre National de Bruxelles, il réalise Tokyo Anyway. Conçu à partir d’un travail collectif d’improvisations, le film raconte l’histoire de quatre trentenaires qui vivent à Bruxelles. Quatre héros qui se croyaient invincibles, mais vont devoir faire face à l’adversité.

 

 

Présenté au récent festival des films du monde de Montréal Yam Dam est également un premier film signé par Vivian Goffette qui œuvra comme assistant-réalisateur sur divers films et téléfilms avant de réaliser en 1998 La Carte Postale qui remporte de nombreux prix dans les festivals et est nominé aux Oscars en 1999. Suivent Le Centre du Monde (2000) puis Ceci n’est pas la Gaume (2007), court documentaire sur sa région natale.  Yam Dam raconte les heurs et malheurs de Christian, vétérinaire de province, qui mène une vie bourgeoise plutôt paisible. Marié, sans enfants, il a créé avec sa femme une petite association d’aide à l’Afrique dont il est le président. Mais cela ne suffit pas à combler la monotonie de son existence. Alors Christian surfe. Sur le net, il s’invente une deuxième vie et flirte avec de jeunes Africaines en quête d’une vie meilleure. Jusqu’au jour où Faustine, jeune burkinabée de 26 ans, débarque dans son cabinet…

 

 

Les quatre cinéphiles amateurs qui composent le jury de Cinevox vont donc visionner ces huit longs métrages puis confronter leurs avis et n’en retenir qu’un. Une épreuve ardue qui exige de la diplomatie, de la patience et une bonne dose de persuasion pour faire valoir ses opinions. Car les avis sont rarement unanimes. Vu la diversité des profils, des genres et des moyens mis en œuvre, ce sera sûrement encore le cas cette année. On est assez impatient de savoir qui va émerger de cette belle compétition.

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