2013 fut pour moi une année intense, et parfois assez jubilatoire (je n’ose écrire « enivrante », de peur qu’on ne retienne « soûlante »…).
Elle aura d’abord marqué la suite de la carrière de mon premier film en tant que réalisateur, Le cri du homard (coproduit par Hélicotronc, Offshore et Ultime razzia productions). Parcours inespéré, improbable, invraisemblable…
On peut légitimement estimer que les récompenses sont relatives, et surtout secondaires en regard du film lui-même, qui reste ce qu’il est, avec ou sans lauriers. Mais pour moi, elles ne représentent pas seulement la gratifiante consécration du travail de toute une équipe (et quelle équipe!). Elles ont également offert une nouvelle vie à ce « petit film » que tant de gens souhaitaient soudain découvrir. Pas toujours pour de bonnes raisons, certes, mais le fait est que cela lui a assuré une visibilité inouïe – on oublie parfois que certains courts-métrages rencontrent un plus large public que bien des longs. Elles ont en outre engendré de formidables rencontres, professionnelles ou non, jalonnées d’échanges passionnés et passionnants, notamment lors d’une projection à la prison de Lantin organisée par Cinévasion qui restera gravée dans ma mémoire. Et nourrissent, in fine, la volonté de voir ces vaniteux trophées s’épanouir à travers un deuxième essai. Pour que ce point d’orgue se mue en point de départ d’une nouvelle aventure impossible, en somme.
Le cri du homard, Magritte 2013 du meilleur court métrage
Avec l’équipe d’Ultime razzia productions, on a également eu le plaisir d’assister au très beau début de carrière en festivals du court-métrage de Grégory Lecocq, Premiers pas (coproduit avec Cookies Films). Et les quatre films à peine terminés ou en passe de l’être nous promettent bien d’autres réjouissances pour l’année à venir: Millionnaires de Stéphane Bergmans (coproduit avec Iota Production); Solo Rex de François Bierry (coproduit avec Hélicotronc et Offshore); Chazam! de Jean-François Metz; et (CORPS) de Benjamin d’Aoust.
Et César 2013 du meilleur court métrage
Au terme de cette furieuse année, 2014 devrait être celle du retour au calme et à la solitude indispensables au travail d’écriture, teintés néanmoins de l’angoisse inhérente à l’exercice. Avec en guise de transition la réalisation d’un clip réalisé pour un groupe que j’apprécie particulièrement : My Little Cheap Dictaphone. Tourné à l’arrache le temps d’une nuit à Londres avec le généreux concours de vieux comparses, il m’aura permis de travailler avec Pauline Étienne, dont le talent n’est (déjà) plus à prouver. [NDLR : on peut voir le clip ICI]
J’en profiterai pour découvrir les premiers longs de réalisateurs tels que Delphine Noëls, Vania Leturcq ou Xavier Seron. Ainsi que les nouvelles pépites présumées de Michaël Roskam, Lucas Belvaux, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Fabrice du Welz… Entre autres.
Je pourrais également évoquer mes craintes quant aux dérives du tax shelter et aux réformes ubuesques du statut d’artis… pardon, de bûcheron, même si je n’ai jamais eu l’honneur d’en bénéficier (mais j’admets maîtriser moyennement l’art de la tronçonneuse). Ou le problème grandissant de la distribution et de la visibilité des productions modestes dans la masse gargantuesque des sorties. Ou plus généralement celui de la place de l’art (n’ayons pas peur des gros mots) dans une société qui, en période de crise économique, croit devoir se dispenser de l’ « inutile » au risque d’alimenter une crise plus profonde, culturelle celle-là. Mais ce serait long, compliqué, et je ne voudrais pas plomber l’ambiance quelques jours après les Magritte, à moins d’un mois des César, à moins d’un an de la nouvelle année. Restons concentrés sur l’essentiel…
Bonne année 2014, donc! Dans les salles. Mais pas seulement.