« Another Day of Life », sur les traces animées d’un reporter de guerre mythique

"Another Day of Life" de Raul de la Fuente et Damian Nenow

Avec Another Day in Life, Raul de la Fuente et Damien Newno livrent une relecture documentée et exaltée de la biographie du célèbre reporter de guerre polonais Ryszard Kapuscinski, au coeur de la guerre civile angolaise. Une expérience filmique hors du commun, animée en Belgique par les studios bruxellois Walking the dog.

Varsovie, 1975. Ryszard Kapuscinski (43 ans) est un brillant journaliste, chevronné et idéaliste. C’est un fervent défenseur des causes perdues et des révolutions. À l’agence de presse polonaise, il convainc ses supérieurs de l’envoyer en Angola. Le pays bascule dans une guerre civile sanglante à l’aube de son indépendance. Kapuscinski s’embarque alors dans un voyage suicidaire au coeur du conflit. Il assiste une fois de plus à la dure réalité de la guerre et se découvre un sentiment d’impuissance. L’Angola le changera à jamais : parti journaliste de Pologne, il en revient écrivain.

Ca, ce sont pour les faits, relatés d’ailleurs avec moult détails par les différents protagonistes du récit.

Mais c’est aussi un voyage au coeur de la psyché du journaliste, qui s’interroge sur son rôle, sa place dans l’histoire, son poids et son pouvoir, ses responsabilités. Kapuscinski est une figure historique du journalisme mondial, présent tout au long de sa carrière au coeur des conflits qui ont secoué le tiers monde à la fin du XXe siècle, désireux d’offrir une voix aux peuples bâillonnés  par la pauvreté.

Another Day of Life

La première scène, époustouflante, offre une immersion animée virevoltante au coeur des rues en ébullition de Luanda, cité chaotique et tourbillonnante. La réalisation virtuose joue des possibilités de l’animation (caméra immergée, morphing des décors et des visages) pour générer la fiction au coeur du documentaire, ou plutôt réactiver l’histoire. L’animation offre également quelques scènes oniriques qui viennent donner corps aux cauchemars décrits par Kapuscinski et ses camarades de l’époque, traumatisés par les atrocités dont ils sont témoins. Elle permet enfin d’incarner la lutte, et de faire revivre Carlota, fière guerrière croisée par Kapuscinski et morte sous les balles, qui, avec Farrusco, représente aux yeux du reporter la quintessence de l’engagement au service d’une cause juste.

Aux séquences animées se mêlent quelques (rares) images d’archives, ainsi que des interviews contemporaines de quelques acteurs et témoins de l’époque, et des prises de vues actuelles de l’Angola, comme en écho à l’histoire. Cette approche hybride visuellement se retrouve sur le plan narratif, enrichissant un récit qui oscille entre biopic et documentaire historique.

Présenté à Cannes l’année dernière en Sélection Officielle, le film a fait l’ouverture d’Anima cet hiver, et remporté de nombreux prix, dont celui de Meilleur film d’animation au European Film Awards. Le studio bruxellois Walking the Dog (qui travaille actuellement sur le nouveau projet du réalisateur Ari Folman, une adaptation du Journal d’Anne Frank) a largement participé aux animations du film, y mettant tout son savoir-faire, et confirmant la place qu’occupe la Belgique dans le domaine du cinéma d’animation européen.

Le film sort ce mercredi 24 avril en Belgique.

 

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