Bruxelles, attends-moi, j’arrive…

Petit à petit, Bruxelles devient le terrain de jeu de nombreux metteurs en scène, de plus en plus huppés. On a tous en mémoire The Expatriate qui retournait la ville dans tous les sens pour la plier (littéralement) à ses caprices bourrés d’adrénaline. Le cinéma flamand, en fait aujourd’hui une pièce maîtresse.

Plusieurs longs métrages viennent d’y être tournés ou le seront prochainement. Une Place sur terre de Fabienne Godet avec Benoit Poelvoorde a été filmé dans les Marolles. Hors les Murs le long du canal et dans quelques coins pittoresques de la capitale. Un bon tiers de La Sieste Sous le Figuier et une grosse partie de Boule et Bill aussi.  Plus la majeure partie de Le Jour attendra, polar musclé à venir avec Jacques Gamblin et Olivier Marchal. Ou Je Suis supporter du Standard, malgré son titre.

La Vie d’une Autre,  Il était une fois une fois, Sur la piste du Marsupilami ou l’Ecume des Jours ont utilisé quelques endroits marquants pour transcender leur univers iconographique. 

 

 

Récemment, c’est la cinéaste française Catherine Breillat qui y a pris ses quartiers d’automne. Sous la houlette d’Iris Film, elle est venue filmer dans la capitale européenne Abus de Faiblesse, un long métrage intense et douloureux qui la touche au plus près.

 

Maud est cinéaste. Un matin, elle se réveille avec « le corps à moitié endormi ». Elle parvient à appeler les urgences et est hospitalisée. Quand elle se réveille, elle est paralysée. Elle se souvient de tout, mais les chiffres n’ont plus aucun sens pour elle. Sa vie chavire. Elle ne s’en rend pas compte. Ou refuse de prendre garde.

De retour chez elle, très diminuée et très seule, elle se met à écrire. Elle veut tourner à nouveau. À la télévision, elle découvre un homme qui la subjugue et dont elle décide de faire le héros de son prochain film. Ce n’est pas un acteur, c’est un escroc, elle le sait. Elle s’en moque. Elle l’attire près d’elle et il se laisse faire. Trop heureux de l’aubaine. Car son but est de la dépouiller.  C’est un abus de faiblesse; mais n’est-elle pas une victime consentante?

 

Sans être un biopic, Abus de Faiblesse, écrit et mis en scène par la sulfureuse Catherine Breillat est assez librement inspiré de sa propre histoire. Le personnage de Vilko Piran que son héroïne rencontre n’est pas sans évoquer Christophe Rocancourt, escroc au long cours qui se retrouva effectivement sur la route consentante de la réalisatrice de Romance ou Anatomie de l’Enfer.

Le choc physique qui a frappé son héroïne, elle l’a vécu elle aussi. Mais la réalisatrice est une battante.  Une formidable nature qui s’est relevée et qui, de ses mésaventures, a fait aujourd’hui une histoire presque universelle. Comme une nouvelle provocation.

 

 

Parce qu’elle avait besoin d’un double, d’un reflet, elle a fait appel à Isabelle Huppert. Elle aurait pu tomber plus mal. Difficilement mieux. La formidable actrice française n’en finit plus de tourner. Loin de tenter de négocier sa gloire et son aura contre de gros cachets, elle accepte les propositions les plus risquées, les plus inconfortables. Parce que sa passion c’est jouer. Parce qu’elle est actrice. Parce que c’est le sens qu’elle veut donner à sa vie. Ces derniers mois, on l’a vue dans In Another Country d’Hong Sang-soo, dans Captive de Brillante Mendoza, dans Amour aussi, de Michael Haneke, Palme d’Or à Cannes

 

 

Face à elle, Catherine Breillat n’a pas joué la sécurité. Comme dans son scénario elle a flashé sur un acteur presque débutant, un certain Bruno Lopes. Il a participé à  trois films au début des années 2000 : Old School (2000), Le cercle de la haine (2003) et Au petit matin (2005). Ensuite, il a quitté les écrans. Au contraire de son ancien collègue Didier Morville. Quoi? Celui-là ne vous dit rien non plus. Normal: Didier Morville est beaucoup plus connu sous le pseudo de Joey Starr. Ha! Mais Bruno Lopes serait alors… Vous y êtes: monsieur Kool Shen en personne, l’autre moitié de NTM.

Lorsque la réalisatrice le contacte, il hésite naturellement, mais l’incongruité de l’aventure lui plaît. Et finalement, il se lance. L’ancien patron du label IV my people devenu un des meilleurs joueur de poker français est peut-être en train d’entamer une nouvelle carrière. Il n’est pas cinéphile pourtant. Qu’importe…

 

A l’exception de deux jours tournés à Biarritz, et de quelques incartades wallonnes, l’essentiel des 35 jours de tournage a été réalisé à Bruxelles. Catherine Breillat a d’ailleurs réécrit son scénario dans ce sens pour mettre un peu de distance entre le film et son histoire. Pour romancer son drame. En faire une œuvre d’art.

 

 

 

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