Pour ce premier Cinevox de l’ère 2.0., avec son nouveau look (lire ici), nous voulions vous présenter un film marquant, un film qui fasse sens, qui ait de grandes ambitions et qui mette particulièrement en valeur notre cinéma belge, nos artistes. Le hasard des calendriers veut que nous l’ayons trouvé… en France. Il s’agit d’une coproduction financièrement minoritaire, mais qui, par l’identité de son réalisateur, est néanmoins un film belge aux yeux de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et donc des Magritte. C’est surtout un film dans lequel quelques Belges occupent des rôles-clés !
Depuis les débuts de Cinevox, nous avons eu beaucoup d’occasions de vous expliquer que le phénomène de la coproduction, essentiellement avec la France, était une des mamelles essentielles de la bonne santé de notre industrie audiovisuelle belge. De tout temps, la Belgique a coproduit des films, essentiellement pour des raisons financières. Cette collaboration-ci est assez différente. Même si La Marche est essentiellement un film français, par son thème et par l’argent qui lui a permis d’exister, il est aussi un vrai film belge puisqu’il est réalisé par un de nos cinéastes les plus prometteurs.
En 2010, Nabil Ben Yadir a réussi un incroyable exploit avec son premier long métrage, Les Barons: il a transcendé les cultures, fédéré des publics très divers et son film est devenu un des plus gros succès du cinéma belge francophone. Le travail opiniâtre d’Entre Chien et Loup sur la production et autour de sa promotion ne fut pas pour rien dans ce triomphe et on n’est pas surpris de retrouver la société d’Auderghem en tant que coproducteur de La Marche.
Personnage charismatique, très engagé et ouvert, d’une grande gentillesse, Nabil décroche ici l’opportunité de diriger un projet d’envergure qui fera de lui un réalisateur à suivre, bien au-delà de nos frontières. La façon dont il menait ses troupes lors de notre passage sur le tournage ne trompe pas: il sait où il va, il sait ce qu’il veut, il sait comment obtenir ce qui lui tient à cœur. Et il a du talent. Une vision. Des exigences.
En ces temps troublés, son discours et sa personnalité elle-même font plaisir à écouter et à voir.
Dans cette aventure, Nabil a emmené deux fidèles techniciens: le monteur Damien Kayeux et le chef op Danny Elsen (photo ci-dessus), deux talents sur lesquels il peut s’appuyer. Il a aussi fait engager deux comédiens belges épatants : Olivier Gourmet et la très rare Loubna Azabal. Très rare « en Belgique » entendons-nous bien, car Loubna mène par ailleurs une carrière aux quatre coins du globe que beaucoup lui envient. L’an dernier, les professionnels du cinéma belge l’ont honorée en lui décernant le Magritte de la meilleure actrice pour son rôle dans le formidable Incendies. Elle avoue en être aujourd’hui encore stupéfaite et heureuse. Loubna et Nabil se connaissent depuis très longtemps. Et chez eux, l’amitié n’est pas un vain mot. Cette année, c’est Olivier qui a hérité de la précieuse statuette pour sa prestation dans l’Exercice de l’État. Et en 2015, ce sera le tour de Nabil?
La Marche sortira en décembre pour célébrer le 30e anniversaire de l’événement qu’il retrace. Ce Cinevox sera la première occasion d’en voir quelques images dans les salles de cinéma.
À côté de ce film-évènement, le premier Grand Écran de la nouvelle ère met en évidence deux acteurs belges qui en sont à des stades très différents de leur carrière : Jérémie Renier superstar depuis Cloclo tourne actuellement à Bruxelles Waste Land, un thriller très noir tandis que la toute jeune Pauline Burlet pourrait bien être une des révélations du Festival de Cannes 2013 avec Le Passé qu’elle a tourné sous la direction du réalisateur d’Une Séparation.
Enfin, parce que nous les avons accompagnés depuis leurs premiers pas, Cinevox s’en voudrait de ne pas pointer les sorties en juin de Sous le Figuier et Je Suis Supporter du Standard. Deux films qu’on peut voir en famille. Il n’y a pas de vrais points communs entre les deux sinon, peut-être, des prestations de comédiens au-dessus de la moyenne et une volonté d’aller vers le grand public sans aucune autre prétention. Sinon celles d’émouvoir et de faire rire. C’est déjà énorme. Tous au cinoche!