Quoi de plus naturel pour un festival consacré au cinéma francophone que de célébrer les frères Dardenne ? Jean-Louis Close le président du festival l’a rappelé d’entrée : le FIFF est aussi là pour défendre bec et ongle le cinéma belge avant que Frédéric Delcor, secrétaire général de la Fédération Wallonie-Bruxelles, explique fort justement l’importance capitale des frères dans l’évolution décisive du cinéma belge tout entier.
C’est le triomphe de Rosetta à Cannes en 1999 qui a provoqué une prise de conscience globale et conduit à la mise en place de leviers de financement efficaces par exemple. Quinze ans plus tard, le cinéma belge tient une place de choix au niveau international, diversifié et riche.
(Photos FIFF 2013)
En l’honneur de la fratrie la plus célèbre du cinéma belge et probablement du cinéma mondial, le FIFF proposait donc hier une grande avant-première belge en présence du gratin du cinéma belge : outre Jean-Pierre et Luc, d’une incroyable discrétion, qui ont croisé Christelle Cornil, actrice sur leur dernier long métrage actuellement en cours de montage, on a vu des figures de proue comme Joachim Lafosse, Benoit Mariage, Joel Franka, Pierre Duculot, des comédiens (Joël Franka avait même amené Patrick Timsit), et de très nombreuses personnalités actives dans la production, le financement et la diffusion du 7e Art belge.
4e numéro de la collection Cinéastes d’aujourd’hui, L’Âge de raison, le cinéma des frères Dardenne propose un voyage dans une œuvre indéniablement magistrale. Les deux réalisateurs, Alain Marcoen, chef opérateur attitré des frères depuis La Promesse et Luc Jabon, font le pari d’une lecture personnelle de ces films.
De La Promesse jusqu’à leur récent long métrage Le Gamin au vélo, ils nous livrent une étonnante leçon de cinéma en s’appuyant sur la « famille » des comédiens et techniciens ainsi que sur d’autres intervenants plus inattendus. Mais très érudits.
Comme le titre le suggère, les questions morales constituent le fil thématique du documentaire, à l’image des histoires que nous révèlent Luc et Jean-Pierre Dardenne : de la tentation du meurtre au pardon possible, des amours contrariées à l’amour inavouable, de la figure controversée du père à la résistance des femmes.
Dans la deuxième partie du film, les auteurs rencontrent Emilie Dequenne, Fabrizio Rongione ou Olivier Gourmet qui nous font entrer de plain-pied, avec beaucoup d’humanité, au cœur de l’univers de ces cinéastes qu’ils admirent tant.
Des quatre films de la collection, L’Âge de raison, le cinéma des frères Dardenne est sans aucun doute celui qui s’adresse le plus directement aux cinéphiles les plus chevronnés. Il met en lumière la complexité du cinéma des frères… et son extrême simplicité ; cette ambition de charger chaque plan d’une réelle intention et d’un sens profond tout en lui prêtant une forme qui évite le symbolisme lourd. Il nous dévoile ainsi les moyens mis en œuvre pour donner de la profondeur et du dynamisme à une scène qui semblera au spectateur simple et fluide, mais est en fait extrêmement complexe (le plan-séquence de la voiture dans Le Fils, par exemple)
Ce film, qu’on se repassera dans les écoles de cinéma, on le découvrira à la Cinémathèque mais aussi à la télévision dans le cadre d’une soirée spéciale où la RTBF proposera en première vision non cryptée, Le Gamin au Vélo, dernier long métrage des frères présentés à Cannes en 2011. Avec le succès qu’on sait.