Guillaume Kerbusch s’offre une Trêve

Le lancement d’un fonds pour produire des séries télé belges francophones initié par la Fédération Wallonie-Bruxelles et la RTBF devait permettre au grand public de découvrir les talents belges et de se familiariser avec nos acteurs. Pour que cette volonté ambitieuse ne reste pas un vœu pieux, il fallait bien sûr que les séries proposées soient en mesure de capter l’attention des téléspectateurs et de les captiver au point qu’ils aient l’envie de revoir ces comédiens dans d’autres rôles, au cinéma surtout.

 

Le premier vrai dossier issu de ce fonds est une vraie réussite : La Trêve est formidable et le public la suit de près avec un enthousiasme communicatif. L’impressionnante campagne promo a attiré l’attention sur la série et le bouche à oreille a fait le reste. Jamais une série belge n’a déclenché sur les réseaux sociaux un tel emballement positif.

Tout bénéfice donc pour le casting de cette formidable série qui va voir sa notoriété exploser. Pensez-donc : pour les plus connu(e)s du lot comme Catherine Salée ou Anne Coesens (trois Magritte à elles deux), ces 400.000 spectateurs sont une extraordinaire progression par rapport au nombre de spectateurs qui ont pu les voir à l’œuvre au cinéma. Pour tous ceux qui sont jusqu’ici plutôt connu comme des comédiens de théâtre, l’explosion est encore plus formidable.

 

 

Juste après La trêve, Yoann Blanc sera la tête d’affiche d’Un homme à la mer, deuxième long métrage de Géraldine Doignon. Jusqu’ici le film passait pour une œuvre sans vedette, ne pouvant compter pour séduire que sur sa force narrative et l’enthousiasme des fans (dont Cinevox, il faut le dire). Mais là, tout à coup, Un homme à la mer va devenir LE film avec LE flic de la Trêve. Du pain béni pour ses producteurs… qui sont d’ailleurs les mêmes que ceux de la série.

 

Un autre acteur devrait largement profiter de ce boum médiatique : Guillaume Kerbusch incarne dans la série le second rôle par ordre d’importance à l’écran, celui de Sébastien Drummer, l’acolyte inexpérimenté de l’inspecteur Peeters. Le jeune acteur Carolo de 27 ans avait déjà à son palmarès quelques rôles courts (mais marquants) dans des films comme Rien à déclarer, Sœur Sourire, Sans rancune ou Oscar et la dame rose, mais il était jusqu’ici surtout connu pour son travail sur les planches.

Le Trait d’Union, spectacle qu’il a écrit (à lire aux éditions Lansman) et qu’il joue avec acharnement devant des publics ados conquis (jusqu’à quatre fois dans la même journée) est un vrai succès. Mais évidemment, sans commune mesure avec celui de la Trêve en termes de retombées médiatiques. Cet article en est une preuve… parmi d’autres…

 

 

Le jeune homme en est conscient, incroyablement enthousiaste à l’idée de se retrouver dans ce projet et empli d’une gratitude sans bornes envers Matthieu Donck, le réalisateur qui l’a choisi à l’issue d’un casting de cinq candidats.

 

« Tu n’imagines même pas : je fais des bonds ! », nous explique-t-il, hilare. « Quarante jours de tournage pour un jeune comédien qui ne rêve que de ça et qui n’a jusque-là eu que des petits rôles, c’est énorme. Moi, je suis super emballé. Je ne sais même pas si j’aurai encore une expérience aussi excitante dans ma vie. »

 

On l’espère puisqu’encore fort jeune, Guillaume n’est encore qu’au tout début de sa carrière.

 

« J’ai étudié au Conservatoire de Mons chez Bernard Cogniaux. Un de mes copains qui venait de l’IAD a été contacté pour une publicité par Patrick Hella qui est un casteur bruxellois bien connu. Le tournage avait le Moyen Age pour cadre et mon pote m’a dit : toi, t’as trop une tête de Jacquouille la fripouille, il faut que Patrick te voit. J’ai été pris pour la pub et Patrick m’a ensuite placé sur les quelques films auxquels j’ai participé.

Juste après le conservatoire, j’ai passé essentiellement des auditions de théâtre alors que c’est au cinéma que j’ai le plus envie de travailler. Ce qui me passionne c’est de rechercher un personnage, de travailler la consistance d’un rôle alors qu’au théâtre ce qui est le plus long, c’est le jeu, la répétition des prestations. Mais bon, je n’ai pas à me plaindre : j’ai fait partie de spectacles qui ont eu du succès. J’ai eu la chance de jouer dans le Roi Lear de Lorent Wanson. Ensuite j’ai rejoint l’équipe de Le Mouton et la Baleine mis en scène par Jasmina Douieb. Matthieu qui allait confier à Jasmina le rôle de la psychiatre dans La Trêve est venu voir le spectacle et c’est là qu’il m’a découvert. Je ne le connaissais pas du tout avant.  Il m’a engagé sans que je postule pour le rôle. »

 

 

Pour Guillaume, c’est le début d’une aventure aussi merveilleuse qu’inattendue, une de ces aventures qui peuvent changer le cours d’une vie.

 

« J’ai tourné quarante jours sur septante et je peux te dire qu’il n’y a jamais eu une seule dispute, je n’ai pas croisé une seule personne qui avait envie de dénigrer le projet ou de traîner les pieds. Tout était idyllique. Et puis tu as vu le casting ?  Moi qui débarque, j’ai eu l’occasion de croiser la moitié des acteurs du cinéma belge en quatre mois. C’est juste hallucinant. Et je ne parle même pas de Yoann Blanc. C’est un acteur dingue. J’en ai appris plus sur le métier en travaillant avec lui que pendant les trois dernières années. Je ne sais pas comment il fait, mais ce gars a mémorisé un classeur de textes. Tous les jours, il avait une petite dizaine de pages à maîtriser. J’étais vraiment impressionné. »

 

Yoann, comme Catherine Salée, Jean-Benoit Ugueux, Anne-Pascale Clairembourg et d’autres acteurs engagés par Helicotronc faisaient déjà partie de la « famille ». Pour Guillaume, c’est une première.

 

« J’ai vite découvert qu’il y avait déjà une vraie famille de comédiens autour de Matthieu. Moi, je débarquais un peu, mais je connaissais pas mal des comédiens de théâtre. Tu sais c’est un petit milieu : on se croise souvent. Du coup, j’ai été intégré à toute vitesse. D’abord parce que, comme je te le disais avant, tous ces gens sont adorables, mais aussi parce qu’en amont du tournage nous avons répété pendant un mois, deux ou trois fois par semaine. Ça crée des liens.

 

 

Matthieu m’a présenté mon personnage en me disant que c’était un jeune policier idéaliste. Moi, j’ai d’abord essayé de le jouer de façon neuneu, un peu comique mais il m’a recadré en me précisant que Drummer était un gars assez intelligent. Son seul problème c’est qu’il avait zéro expérience. Il devait donc suivre, observer, apprendre. Ce genre d’histoires t’oblige aussi à jouer sur l’ambiguïté.  Je ne vais rien révéler mais bon, mon personnage et sa perception par le spectateur vont évoluer au fil de la série.

Matthieu m’avait fait lire les épisodes, les neuf premiers en tous cas mais quand j’ai eu l’occasion de voir la série, je l’ai dévorée comme un malade. Je la trouve incroyablement réussie : j’étais scotché devant mon écran. Je savais tout ce qui allait se passer et malgré ça, j’ai marché à fond.

 

Ce qu’il y a de bien avec Matthieu, Benjamin et Stéphane (NDLR. les trois personnes à la base de la série qui l’ont scénarisée) c’est qu’ils ont suivi le projet du début à la fin. Ils étaient chaque jour sur le tournage. Non seulement, ils avaient écrit l’histoire, mais ils bossaient au quotidien. Un des points forts de Matthieu c’est qu’il défend les choses qui lui tiennent à cœur: s’il a une idée, s’il pense que c’est la bonne, personne ne peut le faire changer d’avis, personne. Moi, je lui aurais donné les clefs de ma vie. Je me suis abandonné, car je lui ai fait totalement confiance.

 

 

Techniquement, on a d’abord tourné un mois en intérieur, dans le commissariat, un ancien hôpital abandonné. Pour ma part, j’ai travaillé beaucoup en avril, mai et juin. Moins en juillet où étaient concentrées des scènes où je n’apparaissais pas. Cela dit, même si tu ne tournes pas tout le temps, tu es quand même obligé d’être 100% disponible. Le lieu de tournage était aussi agréable. Nous restions ensemble dans les Ardennes, dans notre bulle, dans l’histoire. Mais pas dans une ambiance lourde, pas du tout. Matthieu est un clown en fait, c’est un mec hyper drôle qui nous faisait rire constamment. C’est bien simple, moi, je n’avais qu’une seule envie : que ça ne s’arrête jamais. «

 

Aujourd’hui, c’est clair, Guillaume Kerbusch rêve de cinéma et nous ne serions pas étonné que des réalisateurs se mettent à rêver de Guillaume Kerbusch. Alors qu’il joue fort sobrement dans la série, l’homme est d’un naturel explosif et d’un enthousiasme contagieux. Quand il s’y met, il est aussi irrésistiblement drôle (jetez un regard sur sa bande démo si vous avez un doute : ICI). Bref, il a un profil qui n’est pas très courant dans notre cinéma et pourrait combler les espoirs d’un réalisateur qui aurait envie de tourner une comédie dynamique et surprenante.

On prend les paris ?

 

 

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