Het Vonnis : Que Justice soit faite.

Luc Segers voit sa vie s’écrouler lorsqu’Ella, son épouse, est assassinée sous ses yeux par un petit voleur à la tire, Kenny De Groodt, rapidement identifié.  Une (maigre) consolation : l’assassin va être lourdement condamné.

Ou pas…

Quelques semaines plus tard, l’avocat de Luc lui annonce de mauvaises nouvelles : la Chambre des mises en accusation a ordonné la libération de Kenny De Groot pour vice de procédure.

Désespéré, Luc est obsédé par le malheur et l’injustice qui l’accablent. Il décide de se venger et de faire de son procès, celui d’une justice procédurière et de moins en moins rationnelle

Son combat sera celui d’un homme seul contre l’état de droit. 

 

 

Het Vonnis sortira le 9 octobre et, sauf surprise majeure, ce sera le grand succès commercial belge de la fin d’année. Hé oui, parfois, c’est aussi simple que cela. En Flandre, les blockbusters se préparent de longue date. Se murissent. Se construisent. Se calibrent. Et ils loupent très rarement leur cible.

 

La recette, ici, est aussi simple que redoutablement efficace : un sujet de société très touchy, traité avec talent et sans poujadisme, une production millimétrée pour répondre aux objectifs fixés, un maître d’œuvre qui maîtrise les paramètres du succès et quelques acteurs aguerris, de tout premier plan, et adorés du public.  Encore une fois, on ne s’étonnera pas de retrouver derrière Het Vonnis, tous des intervenants qui ont fait leur classe à la télé, y accumulant professionnalisme et notoriété.

 

La décision de la RTBF (poussée dans le dos par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui a bien identifié le problème) de mettre en chantier plusieurs séries récurrentes dès 2014 est sans doute la meilleure nouvelle depuis longtemps… pour le cinéma belge francophone. Fin de la parenthèse.

 

 

L’homme qui se cache derrière le scénario et la réalisation de Het Vonnis est Jan Verheyen.

« La plupart de mes films répondent à une envie et une curiosité. Het Vonnis est plutôt le résultat d’une indignation. C’est la raison pour laquelle je voulais absolument porter ce projet seul, en prenant le temps nécessaire à l’écriture. J’y ai en effet consacré deux ans. »

Jan Verheyen est pourtant omniprésent sur la scène artistique flamande : il a réalisé Los, Dossier K et Zot van A. Mais il a aussi dirigé quatre épisodes de Matrioshki et quinze de la série Urgences, disparitions (Vermist), deux grandes réussites du genre.

 

Johan Leysen et Koen De Bouw, deux figures de proue du cinéma belge

 

Urgences Disparitions est d’ailleurs un des points communs qu’il partage avec Koen de Bouw son acteur fétiche qui y incarnait Walter Sibelius. Star du cinéma flamand, Koen on le sait moins chez nous, n’hésite jamais à aller titiller le petit écran : on l’a vu dans Moeder, waarom leven wij?,  Flikken, Heterdaad, Stille Waters, Sedes &Belli et il est une des figures de roue de la série dont tout le monde parle actuellement, Salamander. Ces apparitions récurrentes ne l’empêchent pas d’être surtout une icône du grand.
Il fut le Eric Vincke de La Mémoire du Tueur (De Zaak Alzheimer) et de Dossier K (autre connexion avec Jan Vehreyen), mais également la vedette de l’intrigant De Indringer et un des acteurs phares de Loft (le plus grand succès de l’histoire du cinéma flamand), Smoorverliefd ou Brasserie Romantiek. Entre autres.

 

Autour de lui, la production a réuni quelques pointures : Johan Leysen, Veerle Baetens qui vient de casser la baraque avec The Broken Circle Breakdown, plus quelques solides seconds rôles très populaires comme Viviane De Muynck (Tot Altijd) ou Chris Lomme.

 

 

La plupart des titres énoncés ci-dessus ont été financés par Eyeworks, filiale belge d’un puissant groupe international. Son patron à Zaventem est Peter Bouckaert (photo ci-dessus), stratège avisé qui ne part jamais à l’aveuglette dans une aventure de ce calibre.

 

Sa société qui a mis en chantier Tot Altijd de Nic Balthazar (meilleur film flamand 2012 aux Ensors, Magritte de la meilleure coproduction flamande) est aussi à l’origine du retour en très grande forme de Stijn Coninx avec Marina.

Peter supervise actuellement le tournage dans le plus grand secret du blockbuster belge… 2014, De Behandeling (nous y reviendrons). Avant de s’attaquer à Brabançonne, le projet maxi belge de Vincent Bal…

 

Eyeworks n’a pas son pareil pour paramétrer un film en vue d’objectifs à atteindre, qu’ils soient qualitatifs ou quantitatifs. Souvent les deux d’ailleurs.  Et si personne n’est à l’abri d’une surprise (bonne ou mauvaise), les pronostics d’Eyeworks sont toujours avisés : leurs performances au box-office font rêver, mais elles ne doivent  rien au hasard ni à la chance.

 

 

Basé sur des préoccupations universelles, totalement d’actualité, Het Vonnis devrait être distribué en Belgique, au-delà des zones géographiques classiquement attribuées aux longs métrages flamands.

 

Depuis sa conception, tout le monde est en effet persuadé que le public francophone devrait être extrêmement sensible à la thématique d’une justice qui, paralysée par sa complexité, perd son humanité.

Et si le sujet pouvait faire craindre des dérapages populistes, la lecture du scénario nous a totalement rassurés. Het Vonnis ne renonce pas à toucher les spectateurs au cœur, mais il vise d’abord la tête.

 

Blockbuster, on vous dit…

 

 

 

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