Depuis quelques années, les émissions cinéma n’ont plus vraiment la cote à la télévision. Une réalité d’autant plus décevante qu’il n’y a forcément rien de plus visuel que le cinéma et qu’il y a donc moyen de captiver le spectateur avec un bon programme.
Or, la plupart du temps, on assiste à des discussions promo sans grande substance, illustrées par un ou deux extraits vus et revus, ou à des joutes oratoires qui mettent mettent davantage en évidence l’ego des critiques que le travail des artistes.
Les vraies rencontres plus profondes avec les artistes (on pense ici à 50° Nord et ses journalistes passionnés) ont parfois du mal à trouver un public au-delà de leurs fans de base. Trop de concurrences. Trop de shows apparemment similaires sur les sujets les plus divers. Mais heureusement, elles gardent le cap. Vive le vrai service public !
Dans ce contexte un peu morose, quand nous avons appris que BeTV envisageait de lancer une mensuelle exclusivement consacrée au cinéma belge, nous nous sommes forcément réjouis. Be, c’est le sens de l’image, du rythme et un équilibre inouï entre pertinence et convivialité. Tous les amateurs de football européen savent évidemment ce que nous évoquons ici.
On attendait donc avec une vraie impatience de voir ce projet à l’ADN très proche de celui de Cinevox : même ambition dans l’approche (familiariser le spectateur avec le cinéma d’ici), et dans la forme (impulser du rythme, jongler entre une proximité avec les invités et des images léchées qui les mettent en valeur).
Notre collaboration avec Home Cinema va finalement bien plus loin qu’un certain cousinage sur le fond et la forme : dans la première émission que vous allez découvrir dimanche à 19h15, toutes les images de tournages et les interviews en extérieur ont été réalisées par Cinevox. Si vous êtes des habitués de notre site, vous les reconnaîtrez sans peine. Home Cinema a remonté les images que nous leur avons fournies sous la forme de sujets plus longs que nos capsules cinéma (environ 3 minutes pour 45 secondes chez nous), mais la facture est identique. C’est dynamique, emballant : on est bien loin des interminables laïus obscurs en caméra fixe ou, au contraire, tenue par un épileptique qu’on nous sert trop souvent. Manque de moyens oblige.
Autour de ces trois sujets, Be TV a réussi le pari d’une mise en forme passionnante. La chaîne cryptée a, à nouveau, fait appel à Fabrice Du Welz pour accueillir les invités… dans son propre appartement. Et quel appartement !
Avec son enthousiasme communicatif et une approche cinéphile qui n’exclut jamais le spectateur, il reçoit pour cette première Marion Hänsel et Olivier Gourmet venus parler de la Tendresse. Dans son cocon, il crée une vraie intimité et parvient à nous faire croire que nous sommes dans la pièce, là, juste à côté de ce trio magique qui discute de cinéma en toute légèreté. Mais plutôt que de nous endormir avec un rythme lénifiant, la réalisation, joue sur un montage très cinématographique pour nous tenir en haleine, relance l’intérêt avant que quiconque puisse trouver le temps long et transforme cet essai en réussite spectaculaire. Après le générique final on n’a plus qu’une envie : courir voir La Tendresse (encore un peu de patience : il sort le 16 octobre), mais aussi My friend Vijay et bientôt Waste Land que Jérémie Renier présente avec tant de passion.
L’objection que vous allez nous apporter est évidente : BeTV, c’est bien, mais c’est réservé aux abonnés. Ce n’est pas le cas ici. D’abord l’émission est diffusée en clair sur le canal de promotion. Comme les Magritte. Mais OK, cela exclut encore les clients Belgacom ou Telenet, ceux qui utilisent une antenne satellite ou une sont branchés sur la TNT. Be a donc proposé une parade : une fois l’émission diffusée sur le câble, le site de Cinevox la mettra en ligne et vous pourrez la regarder ad vitam aeternam en HD à l’heure et au rythme qui vous conviennent.
Pour nous, c’est clairement un plaisir et un honneur de pouvoir vous présenter une émission aussi classe et proche de nos idéaux. Une fierté aussi, car à ce stade il est évident qu’elle n’existerait pas sans nos images et donc sans notre impulsion.
Après avoir fourni les suppléments des DVD d’Elle ne Pleure pas, elle Chante, Hors les murs et Dead Man Talking (en attendant Le Monde nous Appartient), après avoir prêté nos images à la capsule CinéPhil diffusée dans Cinestation depuis cette rentrée, il s’agit d’une nouvelle collaboration, « de luxe » qui nous ravit et nous enchante.
Profitez-en : si vous aimez le cinéma belge, vous ne devriez pas le regretter.