C’est un projet fou et ils sont en train de le mener à bien: tourner un long métrage avec quelques euros, lui consacrer de nombreux mois, le bichonner avec passion, pour l’amour de l’art sans penser aux retours sur investissements qui sont aujourd’hui la seule et unique préoccupation de la plupart de nos contemporains.
(Photos : Donat Mailleux/Kaos Films/Cinevox 2015)
Ces trois-là, pourtant, ont chacun leur carrière: Vincent Solheid est plasticien, Michael Bier, réalisateur, mais aussi un des casteurs belges les plus prisés, et Erika Sainte est la comédienne belge dont tout le monde parle, celle qu’on s’arrache désormais et qui multiplie les rôles dans des longs métrages belges et étrangers.
Mais ces trois-là sont avant tout des amis, trop heureux de passer du temps ensemble et d’en profiter pour tenter de créer une œuvre singulière, intrigante et inattendue.
Car tel sera Je suis resté dans les bois dont le tournage, sa première partie en tous cas, s’est achevé la semaine dernière, dans une forêt justement, aux abords d’une clairière où s’est réuni un bataillon d’hirsutes barbus donnant vie à l’ultime tableau imaginé par Vincent Solheid. Un cadeau à sa tante résidante en hôpital psychiatrique et amoureuse de… Dieu.
Oui, exposé comme cela, le prétexte a l’air barré… Et il l’est. Totalement. Définitivement.
Ici, Vincent fait l’acteur. Il est de tous les plans. Derrière le combo, Erika et Michael dirigent la manœuvre. De concert. Avec Nicolas Bier qui scripte tout ça et s’assure de la continuité du film.
La productrice Marie Besson (Eklektik) est aussi très attentive.
Sur le plateau bucolique, l’ambiance est plus que détendue. Mais malgré l’évidente connivence de l’équipe, le travail est sérieux, les remarques précises. On répète beaucoup pour que la scène soit parfaite, exactement comme on l’avait prévue. Ou pas. Car sur un canevas très écrit, le trio traque les accidents, ces petits moments de grâce impromptus qui vont faire déraper l’œuvre. La rendre encore plus loufoque.
Je suis resté dans les bois, film expérimental construit autour de tableaux imaginés par un artiste (Vincent, donc) en vue de composer sa nouvelle exposition (en novembre à Bruxelles, prétexte au deuxième volet du tournage), est avant tout une comédie: absurde, surréaliste, belge sans aucun doute.
Dans ce projet, tout de la mise en route jusqu’au travail quotidien, en passant bien sûr par la trame très inhabituelle sort des sentiers battus. Que le film ait été soutenu par le Lab du Centre du cinéma tombe sous le sens.
Il faudra attendre 2016 pour voir le film en salles, mais les trois réalisateurs se retrouveront avant cela sur les grands écrans dans une capsule Cinevox. On les croisera aussi en interview tout l’été sur le site et on découvrira grâce à Marie Besson le travail et l’identité de sa société de production, Eklektik, fondée il y a dix ans par Samuel Tilmant et Fabrizio Rongione qui sont toujours ses complices aujourd’hui.
Beaucoup de belles histoires à vous raconter donc. On aime ça.