Paris Cinéma bat son plein. Les films belges s’y succèdent et les personnalités de chez nous aussi. De très nombreux réalisateurs et acteurs (masculin de convenance, car les dames sont au moins aussi nombreuses que les messieurs) sont dans la capitale française pour présenter leurs films; récents et moins récents.
Informations, interviews et photos par Maryline Laurin
Chacun vient rencontrer ici le public et répondre aux sollicitations de la presse. Certains se rendent ensuite sur les plateaux de TV5 Monde qui consacre un focus soutenu à l’évènement et à notre cinéma: on y a ainsi croisé, des artistes confirmés comme Joachim Lafosse, mais également quelques jeunes talents précieux comme Pauline Burlet, Anne-Pascale Clairembourg ou David Murgia.
Il n’a pas manqué de faire un détour par le Centre Wallonie-Bruxelles où son ami Louis Héliot (interview à suivre) avait programmé cette semaine une rafale de courts-métrages marquants sortis de l’INSAS.
Pour rappel, Louis Héliot est le conseiller cinéma et coordinateur des programmes au Centre Wallonie-Bruxelles dirigé par Anne Lenoir, nommée en octobre 2012.
» Longtemps, le court métrage (documentaire) a été le seul genre où les cinéastes belges étaient reconnus et attendus, à l’instar des pionniers Henri Storck et Charles Dekeukeleire », explique Louis Héliot qui a accompagné Anne Hesbert, déléguée du festival, dans toute la programmation du Made in Belgïeque
« Le court métrage demeure le format qui permet toutes les audaces et toutes les expérimentations. C’est le format des films de fin d’études à l’INSAS, l’IAD, La Cambre ou au RITS. Après ses années d’apprentissage à l’INSAS, Jaco Van Dormael a réalisé plusieurs courts métrages dont E pericoloso sporghersi qui est devenu un film culte. D’autres auteurs, qui considèrent le cinéma comme un art, trouvent plus de liberté dans le format court que dans la production d’un long métrage. C’est le cas de Raoul Servais, génie du cinéma d’animation, qui a reçu la Palme d’or en 1979 avec Harpya. C’est aussi celui d’Olivier Smolders qui, après dix courts métrages s’était laissé convaincre de réaliser un long (Nuit noire), a décidé de ne plus se consacrer qu’au court métrage, avec à chaque fois l’expression d’une recherche formelle et stylistique, utilisant le numérique dans toutes ses possibilités créatrices. »
Pendant ce temps au Cinéma Grand Action l’hommage à Natacha Régnier a attiré les cinéphiles qui pouvaient découvrir entre autres Demain on déménage de Chantal Akerman ou Les amants criminels de François Ozon où elle partage l’affiche avec son homonyme Jérémie.
Un peu plus loin, au Cinéma MK2 Bibliothèque, Fien Troch est en compétition avec son magnifique et austère Kid, déjà deux fois primé au festival d’Aubagne. Peut-être ramènera-t-elle dans ses valises un nouveau prix ou un distributeur français pour son ce film qui marque.
Au même moment Jaco Van Dormael, qui est décidément partout, présente Toto le héros. L’occasion pour les deux cinéastes de se retrouver au bar du festival le Limelight, le temps d’une pause avant d’aller rencontrer le public à l’issue de leur projection respective. Ils ne se privent pas non plus pour jouer aux « stars » avec leur cadeau du festival .
Un peu plus tard, Fien Troch est très émue de rencontrer Nicolas Philibert qui fait partie de l’équipe de Paris Cinéma. Pendant la préparation de son film, pour réfléchir à sa direction d’acteurs avec les enfants qu’elle devait faire jouer, elle a revu Être et avoir qu’elle aime beaucoup.
Elle croisera aussi Raoul Servais (interview à suivre) qui devrait jouer un rôle dans le proche développement de sa carrière, mais nous n’en dirons pas plus ici. Nous y reviendrons.
Ludo Troch, célèbre monteur de nombreux films belges est également à Paris où il travaille actuellement sur le montage de Pas son Genre, le dernier Lucas Belvaux. L’occasion était trop belle pour la louper : il est naturellement venu saluer et encourager sa fille.
Avec toutes ces rencontres impromptues et joyeuses, entre réalisateurs et comédiens, une évidence s’impose : Paris est devenu un mini-Cannes en juillet. Mais plus décontracté, moins guindé. Les artistes y échangent sur leurs projets ou les films proposés, en compétition ou avant-première. Y partagent leurs coups de cœur. Et leurs coups de gueule aussi.
Partout, les cinéastes se succèdent et se croisent: Joachim Lafosse, décidément très sollicité ces temps-ci, accompagne à Paris sa filmographie. C’est l’occasion pour lui de retrouver quelques-uns des acteurs qu’il a fait tourner par le passé, comme Jonathan Zaccaï, inoubliable interprète du sulfureux Élève Libre. Ou Jérémie Renier avec qui il présenta Nue Propriété, précédé ici par Scarface. Non, pas le film de De Palma, mais le premier documentaire de Joachim.
Marion Hänsel est également du voyage: elle propose à Paris, pour la toute première fois, La Tendresse qu’elle a tourné avec Maryline Canto et Olivier Gourmet. Alors qu’on attend toujours de découvrir ce film en Belgique, le public français s’en est régalé, comme celui du festival de Rotterdam où il avait été présenté en Première Mondiale plus tôt cette année.
Paris Cinéma s’achèvera le 9 juillet. Il aura drainé dans les salles des milliers de spectateurs et permis au cinéma belge de s’exposer comme rarement. Nos artistes prendront ensuite la direction de Montréal, Toronto, Ostende, Namur ou Venise pour d’autres aventures festivalières, à la rencontre d’autres publics. Certains vont retourner sur les plateaux, d’autres devant leur ordinateur pour peaufiner leur nouveau scénario. Pour eux, Paris Cinéma aura été un oasis, un lieu de rencontres et d’échanges. Un formidable moment de convivialité qui les a regonflés à bloc.
Informations et photos par Maryline Laurin
Philippe Suinen Administrateur Général de Wallonie-Bruxelles international, le représentant de TV5 Monde , un représentant de la Mairie de Paris et Charlotte Rampling
Jérôme Lemaire venu présenter Le Grand Tour, avec fracas.
Charlotte Rampling et Natacha Régnier
Joachim Lafosse, Marion Hänsel, Raoul Servais
Paris Projet- Yves Verbrekenet Bavo Defurne , Charlotte Rampling
Vincent Moyse (attaché au service France à WBI) et Florence Peerraer (CWB)
Louis Héliot, toujours aussi convivial, prend congé de ses invités