Le Petit Nicolas prend des vacances

Après le kölossäl succès qui couronna la première adaptation en long métrage live du Petit Nicolas, œuvre littéraire mythique de Goscinny et Sempé, une suite était inévitable.  Avec les dangers de redites et de déceptions que cet exercice comporte inévitablement.

Les producteurs avaient néanmoins 5.600.822 bonnes raisons de tenter l’aventure qu’ils ont décidé de décliner sur un mode estival. Comme pour Ducobu, autre grand perturbateur de la vie scolaire, c’est en vacances que ses scénaristes ont envoyé le gentil garnement… et ses parents, toujours incarnés par Valérie Lemercier et le placide Kad Merad.

 

Le film commence avec la fin de l’année scolaire et le discours ampoulé d’un Francis Perrin très impliqué qui succède ici, pour quelques scènes, au regretté Michel Duchaussoy. Mais ce n’est que quand les cartables volent en l’air et les élèves vers la sortie que débutent réellement les hostilités.

Où Nicolas passera-t-il donc ses vacances ? À la mer comme son père le désire chaque année sans obtenir gain de cause ou à la montagne comme d’habitude, selon les souhaits de maman ?

 

 

Alors qu’il s’attend à de longs débats acharnés, Nicolas a la surprise de voir son paternel (lui-même stupéfait) remporter les négociations sans coups férir : cette année, ce sera le littoral… mais on emmène Mémé, la maman de maman, qui distribue des bonbons et réclame des bisous à tout va.
Pour le rôle, Dominique Lavanant se glisse dans les pénates de Bernadette Lafont à qui le film est dédié. Et elle s’en sort à merveille, piquante et vacharde avec son beau-fils qu’elle a tendance à considérer comme un demi-raté.

 

 

Toute la famille prend donc la direction de l’Hôtel Beau-Rivage où l’été sera chaud dans les t-shirts dans les maillots. Sur la plage, Nicolas se fait vite de nouveaux copains. Le garçon est sympathique et accommodant. Il y a Blaise, qui habite ici;  Crépin, qui pleurniche tout le temps; Fructueux, qui adore tout, même le poisson; Djodjo, qui s’exprime bizarrement, peut-être parce qu’il est anglais et Côme, qui veut toujours avoir raison. Ce qui énerve tous les autres.

Sans oublier Isabelle, une fillette qui traque Nicolas avec insistance. Elle n’est pas repoussante, mais avec ses grands yeux écarquillés et son regard fixe, elle effraie le jeune garçon, persuadé que leurs parents ont décidé… de les marier de force. De rumeurs en quiproquos, les vacances vont forcément être animées.

 

 

Toujours façonnée par le réalisateur Laurent Tirard qui nous a donné entre-temps un Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, lui aussi couronné de succès, cette nouvelle mouture du Petit Nicolas étonne… et épate.

 

 

Moins timide que le premier volet, plus homogène, les vacances du petit Nicolas est une ode enthousiaste aux sixties désinvoltes. Le formidable générique aussi nostalgique qu’envoûtant nous plonge illico dans l’ambiance. Mais dès qu’il s’éclipse, les couleurs pétantes, la musique ultra-référentielle et des tonnes de clins d’œil hilarants prennent le relais sans décevoir.

Là, où on pouvait avoir l’agaçante impression que Le Petit Nicolas (ou plus récemment Boule et Bill) nous emmenait dans une époque fantasmée, mais bizarrement sage et atone, les vacances explosent dans un cocktail d’images qui vont épastrouiller les vieux fans de Jean Giraud et Gérard Oury, et amuser follement les gamins et gamines (il fallait les entendre hurler dans la salle, un régal).
Seuls peut-être les ados risquent de rester imperméables à cette plongée dans le passé, très drôle, mais aussi totalement dénuée de méchanceté et de vulgarité.

 

 

L’humour est d’époque, certes, mais le rythme très contemporain et les effets spéciaux réussis (made in Belgique) font de ce film très sixties une expérience d’aujourd’hui bourrées de clins d’œil (De Funes est ultra-cité) et de running gags hilarants : notre préférence va évidemment aux quatre cyclistes surmotivés, sortis d’un boite de jouets d’enfant ou de notre mémoire.

 

Réalisé cinq ans après le premier volet, les Vacances du Petit Nicolas ne pouvait naturellement pas s’appuyer sur le casting du premier volet. Le Petit Nicolas a ainsi une nouvelle bouille, celle de Mathéo Boisselier. Et même si le personnage principal reste encore un peu lisse (comme Tintin ou Harry Potter), son interprétation est plus convaincante que celle de son prédécesseur.
Tous les gosses ont également de visages inconnus et le moins qu’on puisse écrire est qu’ils ont été joliment castés. Mention spéciale pour la jeunette qui incarne Isabelle, réellement inquiétante dans un clin d’œil à… Shining que Laurent Tirard nous sert sans prévenir.

 

 

Dans le film Isabelle est la fille de Monsieur Bernique et monsieur Bernique c’est Bouli Lanners.  Le Liégeois succède ici en tant que comédien belge guest star à François Damiens qui, contrairement à ce qu’annoncaient une série de sites, n’est pas de la partie. Loin de se cantonner à une brève apparition, Bouli hérite d’un vrai rôle secondaire plutôt désopilant, un de ces personnages qu’il parvient d’emblée à colorer et à rendre inoubliable. Une nouvelle démonstration qui démontre pourquoi le cinéma français raffole à ce point de lui pour des profils qui ont besoin d’impact immédiat.

 

 

L’autre présence belge au générique est assez inattendue, mais elle explique peut-être aussi pourquoi cette suite nous semble si supérieure à l’original : Jaco van Dormael, l’homme de Toto le Héros, du Huitième Jour et de Mister Nobody, a participé à l’écriture du scénario avec Laurent Tirard et Grégoire Vigneron. À ce stade, nous ne connaissons pas vraiment l’importance de son implication dans le projet (nous ne manquerons pas de lui demander bientôt), mais une chose est certaine : au-delà de l’enchaînement d’historiettes drôles (le principe du Petit Nicolas version livre), Les Vacances offre une réelle homogénéité, une unité beaucoup plus évidente que dans le premier volet.

 

Bref, Les vacances du petit Nicolas, coproduit en Belgique par Scope est une jolie réussite, une glace fruitée idéale pour l’été. Une vraie réussite pourtant pas si évidente à réaliser. Bien joué !

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