1958. Rose Pamphyle (Déborah François) rêve de s’échapper du petit village normand où elle a grandi. Décidée à se frayer un chemin dans LA vie, elle se présente pour décrocher un poste de secrétaire dans un cabinet d’assurances en vogue. L’entretien n’est pas une réussite : Louis Echard (Romain Duris), patron charismatique, mais terriblement macho, cherche surtout une jeune fille docile et à son goût. Mais il remarque néanmoins que Rose tape à la machine à écrire à un rythme hallucinant… même si elle n’utilise que deux doigts. Pas pratique pour une assistance, certes, mais… Rose est tenace et Louis, assureur par tradition, mais sportif dans l’âme, a une idée : il accepte d’engager la jeune fille à condition qu’il puisse l’entraîner et l’inscrire au concours régional de vitesse dactylographique. Deal?
La plupart des pitches de comédies romantiques sont plutôt convenus: ils se croisent, il est foudroyé, elle feint l’indifférence (ou l’inverse), les obstacles de la vie s’échinent à les faire trébucher et à la fin, chabadabada, ils tombent dans les bras l’un de l’autre. Rideau. Grosses larmes des âmes sensibles, sourires moqueurs, mais complices, des fier-à-bras. Chabadabada.
Dans ce contexte très prévisible où les étapes sont plus importantes que le point de départ et surtout la ligne d’arrivée, Populaire apparaît comme une énorme bulle d’air frais, revigorant. En 2012, le pitch paraît assez improbable. L’idée de mélanger les ressorts de la comédie romantique classique et ceux du film d’ascension sportive comme Karaté Kid ou Rocky l’est encore plus. Surtout si on décide de remplacer les combats physiques par des joutes de dactylographie. Bravo l’audace! Ou la folie douce? Ajoutez à tout cela un glaçage fifties ultra kitch, une reconstitution exacerbée, dans les tons fuchsia façon Mad Men pour Barbie et vous obtenez un OVNI… qui a le profil du gros succès de cette fin d’année. Paradoxal? Pas du tout ! Car si toutes les composantes sont parfaitement imaginées, leur interaction est un véritable régal.
Comédie romantique avec un zeste de magie Disneyenne (on est quand même dans un conte de fées, fut-il décalé), Populaire repose donc pour beaucoup sur le suspense généré par l’aspect sportif du scénario. Des compétitions de dactylo… Franchement… Vous trouvez ça cinématographique, vous? Hé bien, ça l’est. Et pas qu’un peu. À vrai dire, on a rarement vu une compétition si bien rendue à l’image, une tension si efficace en termes de lisibilité. Au-delà de la virtuosité de la mise en scène, on notera l’idée géniale de rythmer les matches par le retour du chariot des machines. Ces aller-retour donnent lieu à un ballet esthétique surprenant, mais permettent surtout au spectateur de savoir qui mène la danse, quelle est l’avance ou le retard de l’héroïne. Formidablement enthousiasmant.
Rose Pamphyle deviendra-elle une championne du clavier? Tombera-t-elle dans les bras de l’insupport… pardon de l’irrésistible Louis? Vous le saurez dès le 28 novembre date à laquelle le grand succès annoncé de cette fin d’année arrivera enfin sur nos écrans. Programmez-le déjà pour vos fêtes, juste avant une balade familiale à Plaisir d’Hiver par exemple : voilà un remède idéal contre la morosité ambiante.