« Serre-moi fort », fugue amoureuse

Crédit: Charles Paulicevixh

La 4e édition du Brussels International Film Festival s’ouvre demain soir avec la projection du nouveau film de Mathieu Amalric, Serre-moi fort, en présence du cinéaste français et du comédien belge Arieh Worhalter, qui tient le rôle principal aux côtés de Vicky Krieps.

Une femme part, la nuit. Sans dire au revoir à personne, ni à son mari, ni à ses enfants. Elle prépare les céréales pour le lendemain matin, laisse une liste de course, et s’évapore sans laisser d’adresse.

Clarisse aime Marc. Marc aime Clarisse. Mais si vivre ensemble n’est plus possible, survivre séparément l’est moins encore. Alors Clarisse va leur donner une histoire à raconter. Au fil du temps, un récit se tisse, témoin d’un passé idéalisé, d’un futur fantasmé, symptôme d’un présent à l’arrêt. Les temporalités se télescopent, et finissent par dialoguer, à distance, hier nourrissant demain, et rendant tolérable aujourd’hui.

Serre-moi-fort-de-Mathieu-Amalric

Serre-moi fort, adaptation d’une pièce de Claudine Galea, Je reviens de loin, est une ode à l’imagination, à l’inventivité narrative, à la construction libre de récits salvateurs qui défient les lois du présent, et rebattent les cartes de l’espace temps. Flashbacks et flashforwards d’abord se confondent, pour finalement laisser apercevoir le fil passionné d’une histoire d’amour et de famille contrariée par la vie.

Cette fuite orchestrée par Clarisse sonne comme une fugue, au son du piano, les notes que joue sa fille comme celles que joue la grande pianiste argentine Martha Argerich. Des notes cristallines, des harmonies brisées, des envolées euphoriques, des accords désespérément mineurs.

Serre-Moi-Fort2

Difficile d’en dire plus sur le noeud de l’histoire sans gâcher l’expérience cinéphile, Mathieu Amalric construit avec force et subtilité ce récit aux temporalités fragmentées, servis par une Vicky Krieps éblouissante qui oscille entre euphorie, désespoir et résignation avec une aisance stupéfiante, et Arieh Worhalter, forcément mystérieux, résolument aimant, qui incarne avec une grande sensibilité le rôle d’un homme amoureux et perdu par la force du destin. C’est l’histoire de ce couple magnifique, c’est l’histoire de leur famille, leur famille réelle, et leur famille rêvée.

Une expérience de cinéma bouleversante, dont la partition à la fois limpide et étourdissante est interprétée au diapason par Mathieu Amalric, Vicky Krieps et Arieh Worthalter, qui confirme s’il en était besoin les impressions déjà intenses laissées par ses précédentes performances dans Girl de Lukas Dhont, Cosmogonie de Vincent Parronaud et The End of Love de Keren Ben Rafael.

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