Vandal : vrai film d’ados

Fin de l’année scolaire, démarrage des vacances. A priori, il y a un créneau pour séduire un public ado juste avant le grand départ pour le soleil, une fenêtre pour s’installer en salles et grandir sur base du bouche-à-oreille.

Et si un film européen vise particulièrement juste en la matière avec des thèmes et un langage qui le concernent directement, c’est bien Vandal, une coproduction franco-belge (Tarantula chez nous) qui arrive dans nos cinémas cette semaine.

Vandal nous introduit en prime dans un univers méconnu, avec ses codes et ses secrets, celui des graffeurs, sur les pas d’un jeune beur rebelle

 

 

 

Chérif, 15 ans, est un adolescent rebelle et solitaire.

Dépassée, sa mère décide de le placer chez son oncle et sa tante à Strasbourg, où il doit reprendre son CAP maçonnerie. C’est sa dernière chance.

Très  vite,  dans  cette  nouvelle  vie,  Chérif  étouffe. Mais toutes les nuits, des graffeurs œuvrent sur les murs de la ville.

Un nouveau monde s’offre à lui …

 

Un monde qui n’appartient qu’à cette génération qui l’a inventé et qui le nourrit comme l’explique le jeune réalisateur Hélier Cisterne qui signe ici un premier long métrage après quelques courts et une nomination aux Césars pour Les Paradis Perdus.

 

Zinédine Benchenine

 

« Je suis né en même temps que le graffiti au début des années 80, j’ai grandi entouré de son expression comme toute ma génération. Ce n’est pas un film ‘‘ sur ’’ le graffiti, mais je voulais qu’il soit beaucoup plus qu’un décor fantasmé. Le cinéma me permet de découvrir des univers, d’explorer des milieux et des vies qui ne sont pas les miens.

C’est l’une des seules formes de culture qui ait été inventée et développée par des adolescents. Le graffiti témoigne de manière absolument sincère et brute de la jeunesse d’une époque.

Au départ, je voulais raconter le quotidien d’un ado qui dérobe un costume qui le protège, mais qui lui colle de plus en plus à la peau, le dévore… puis je me suis demandé en quoi cette figure d’un super-héros adolescent pouvait prendre corps dans le monde d’aujourd’hui. Assez naturellement, avec Nicolas Journet, l’un des co-scénaristes, nous sommes arrivés à la figure du graffeur qui, comme un super-héros, hante la ville sous un nom d’emprunt et agit souvent masqué pour ne pas être identifié. Ce lien est cultivé par certains graffeurs eux-mêmes, qui cherchent à repousser leurs limites, à affermir leurs pouvoirs en dessinant sur des murs a priori inaccessibles, en déjouant la surveillance policière, au risque parfois de leur vie. »

 

 

Pour mettre en image cet univers forcément très visuel, Hélier s’est tourné vers Hichame Alaouié, un des meilleurs chefs opérateurs belges, vainqueur des deux derniers Magritte de la catégorie pour son travail sur L’Hiver Dernier et Les Chevaux de Dieu. Son travail consiste ici à jongler avec les clairs-obscurs, à tromper la nuit pour nous plonger dans l’intimité d’un groupe d’ados. Sans tricher, il propose une image urbaine seulement illuminée par des spots naturels. Et une caméra portée qui impose un rythme au film.

 

Tournage de Vandal – séquence de l’atelier avec Zinédine Benchenine, Hichame Alaouié, Hélier Cisterne et Benoit Deleris

 

 

« L’esthétique du graffiti, qui est une pratique très nocturne, a beaucoup nourri le travail sur l’image. Le livre BLACK FLASHES de Ruedione a été un de nos repères sur ce sujet. Avec Hichame, on a travaillé la matière de la HD en cassant sa capacité à sur-définir et à tout rendre clair, on voulait revenir à quelque chose de plus primitif dans ces espaces », explique le réalisateur.

 

Le film s’appuie naturellement sur un casting de jeunes acteurs. Essentiellement des nouveaux visages, crédibles et justes

 

Zinédine Benchenine et Chloé Lecerf

 

« Au bout d’une longue recherche en casting sauvage, grâce à Cynthia Arra qui m’a accompagné dans mon travail avec les comédiens jusqu’à la fin du tournage. Pour Chloé Lecerf, qui joue Élodie, on a été influencé par le personnage de Snoop dans The Wire: une fille de la rue qui ne vit pas dans un monde de princesse. Cette série a bouleversé mon rapport au cinéma il y a quelques années. Chloé a une sincérité et une présence immédiate. Quant à Emile Berling (photo ci-dessous), que j’avais vu dans Un Conte de Noël, je savais qu’il avait un charisme particulier, on sent que la violence sourd derrière les apparences. »

 

 

Face à lui, son cousin, Chérif, le personnage principal, pivot de tout le film

« Dans la fin du travail d’écriture avec Gilles Taurand et Katell Quillévéré, c’est quelque chose qui était primordial pour nous : mettre Chérif à nu sans en faire une caricature sociale. Chérif est accueilli chez son oncle, il n’est pas placé en foyer ou en famille d’accueil. Il n’est pas juste ‘‘ un petit dur ’’, il est aussi un adolescent comme la plupart des autres. Ce pari autour du personnage s’est accentué avec le choix de Zinedine Benchenine pour l’incarner. C’est un gamin des cités qui a grandi à Aubervilliers. Il porte en lui beaucoup de violence, mais avant tout une profonde gentillesse et une grande sincérité. »

 

Autour des adolescents, le réalisateur a réuni une brochette d’acteurs hexagonaux de premier plan: Marina Fois et Ramzy sont les parents divorcés de Chériff tandis que Jean-Marc Barr est son oncle et Yoann Blanc (à voir dans notre capsule du mois consacrée à  Un homme à la mer) est son professeur de maçonnerie pour quelques scènes qui évoquent Le Fils des frères Dardenne.

 

« On a composé ces familles de comédiens avec Sarah Teper et Leïla Fournier, les directrices de casting. Ils nous rappellent qu’on est au cinéma et ont tous une présence qu’ils imposent en un plan. Marina Foïs, Ramzy, Jean-Marc Barr, Brigitte Sy, Corinne Masiero, Sophie Cattani, Isabelle Sadoyan, Sava Lolov… Tous m’ont fait un cadeau immense, ils permettent aux personnages d’adultes d’exister très fortement en très peu de scènes. »

 

 

Très rythmé, sans temps mort, sans leçon de morale ni raccourcis coupables, Vandal est un film qui mériterait vraiment de toucher ce public qu’il raconte. Après une très belle tournée en festivals qui passa l’an dernier par le FIFF namurois avant de parcourir le monde, sa sortie en salles est programmée pour ce vendredi. Une sortie atypique, certes, mais le film l’est aussi.

 

 

 

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