Vous êtes bien au chaud dans la salle de cinéma. Vous regardez des gens qui marchent sous la pluie, pliés en deux pour éviter les bourrasques. Et naturellement, vous y croyez. Forcément.
Un jour maussade, un plan extérieur, une opportunité..
Pas si simple.
Il y a peu, nous avons publié un reportage sur notre venue sur le tournage de La Marche. Vous avez aussi pu voir les premières images animées au cinéma grâce à notre Grand Ecran (ici). Mais ça c’était seulement le côté face. D’ailleurs, certains observateurs n’ont pas manqué de remarquer que la météo n’était pas équivalente sur chaque photo.
Normal. La pluie, la vraie, ne s’est vraiment manifestée qu’au moment des interviews (quel bol !). Pendant l’essentiel de ce tournage difficile autour d’un travelling de 70m, la pluie qu’on voit sur les photos et qu’on verra à l’écran, qui ruisselle sur les épaules des protagonistes, c’est un trucage. Explications en photos.
[Toutes les photos de cet article © P.Pierquin/Cinevox 2013]
Dans un quartier industriel, on a installé un rail de 70 m. La scène qui doit être tournée en matinée s’articule en effet autour d’un long travelling complexe avec des acteurs venant des deux côtés de la rue et se rejoignant à un point précis. Il a plu plus tôt dans la matinée, mais la météo est devenue plus clémente et la rue est presque sèche.
Un pick-up avec un réservoir à l’arrière se met à asperger les murs qui bordent la scène.
Mais cela ne suffit naturellement pas à noyer la rue comme elle l’est ici.
La réponse est plus haut. De longs poteaux ont été placés sur la gauche de la rue et déversent des trombes d’eau.
Pour les techniciens, la tâche n’est pas aisée. Le perchman doit faire preuve d’astuce et ne pas avoir peur d’être douché.
Sur les rails, la voiture travelling du chef opérateur est mieux protégée. On ne rigole pas avec un matériel de ce prix.
Avantage pour Danny Elsen : il peut travailler sans subir les foudres de la météo artificielle.
Dernier raccord vêtements pour les comédiens qui vont se lancer pour la première fois à l’assaut des intempéries. Il y aura en tout une dizaine de prises. Autant dire qu’ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Ici le toujours souriant M’Barek Belkouk,
Le cortège se met en place. Le spot qui doit éclairer la scène s’approche.
Et c’est parti. Pour les acteurs, le calvaire commence. Pas de doublure ici, mais les vraies vedettes du film. A part Philippe Nahon planqué dans la camionnette, Hafsia Herzi, Olivier Gourmet, Lubna Azabal, Charlotte Le Bon, Tewfik Jallab, Vincent Rottiers, M’Barek Belkouk et Nader Boussandel vont faire contre mauvaise fortune bon coeur.
Car comme les douches latérales ne suffisent pas à rendre la scène dantesque, ils sont aussi aspergés de face.
A l’autre bout de la rue, d’autres acteurs se mouillent pour avoir l’air d’avoir, eux aussi, essuyé la tempête lorsqu’ils viendront à la rencontre du cortège (voir ci-dessous). Le garçon avec son blouson est Kevin Rottiers, le frère de Vincent.
Après trois heures de ce traitement, il semble que la dernière prise est la bonne: synchronisation et attitudes parfaites? Les acteurs vont-ils enfin pouvoir enlever leurs imperméables de fortune?
Danny Elsen et Nabil Ben Yadir regardent en détails cette prise. Ils sont ravis : c’est dans la boîte.
Mais alors que le soleil pourrait revenir puisque les acteurs partent déjeuner, le ciel s’assombrit… et c’est sous un déluge, naturel celui-là, que nous réaliserons l’interview de Nabil Ben Yadir pour la capsule Cinevox que vous pouvez découvrir ici.